Jérémy embarque avec Jean Dufaux sur le «Barracuda»
Dans Barracuda, il dessine sur un scénario de Jean Dufaux une histoire de pirates atypique. A 26 seulement, Jeremy livre sa première bande dessinée, classique mais bien troussée. Entretien avec un jeune dessinateur modeste et plutôt heureux de son sort.
Qu’avez-vous aimé dans Barracuda ?
C’est une histoire de pirates, mais qui se déroule sur terre, et pas en mer. Elle est consacrée à trois personnages : Raffy, le fils d’un cruel capitaine, Maria, une jeune noble espagnole, et Emilio/Emilia, un page qui se fait passer pour une fille. Chacun a son caractère, sa façon d’être mis en scène et ses couleurs. Comme le récit comporte de nombreux protagonistes, ils fallait qu’ils soient repérables au premier coup d’œil. Creuser ces héros m’intéressait particulièrement: je n’avais pas envie de fantastique ni de chasse au trésor sombre, car ça a déjà été largement fait – avec notamment Pirates des Caraïbes au cinéma et Long John Silver en BD.
Comment travaillez-vous avec Jean Dufaux ?
Il m’a raconté l’histoire de Barracuda dans ses très grandes lignes, puis m’a donné le scénario par séquences de six planches. Ainsi, j’en savais suffisamment pour être happé par l’intrigue, mais sans réellement être au courant de ce qui va se passer ensuite. Au fil de la réalisation, nous n’utilisons pas Internet. Mais, avec ses autres dessinateurs – notamment Philippe Delaby (Murena) et Philippe Xavier (Croisade) -, nous nous voyons environ une fois par mois, nous nous montrons nos planches, nous les commentons… Curieusement, nous ne parlons pas de dessin pur, mais de caméra, de cadrages, de plans… Nos références sont très cinématographiques. Il règne entre nous un certain esprit de famille.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées sur ce premier album ?
Elles furent surtout techniques. Il m’a fallu un peu de temps pour me sentir à l’aise dans mon rôle de dessinateur. J’ai utilisé beaucoup de documentation pour représenter les bateaux, les costumes. Mon plus grand plaisir fut de créer les personnages, trouver leur tête. Pour Raffy, j’ai pensé à Leonardo Di Caprio. Kirsten Dunst dans Entretien avec un vampire m’a inspiré pour Maria, et Emilio/Emilia est proche des héros de manga, avec un côté très androgyne.
Comment avez-vous rencontré Jean Dufaux ?
Je l’ai connu par Philippe Delaby, dont j’étais le coloriste sur Murena et La Complainte des landes perdues. Un jour, j’ai amené des planches, Jean en a repéré une avec un bateau et m’a proposé de faire Barracuda le soir même. Il avait ce récit en lui depuis un moment, c’était son hommage à l’âge d’or du cinéma hollywoodien, aux films d’Erroll Flynn.
Quel est votre parcours ?
Enfant, j’ai lu Tintin ou Astérix. A l’adolescence, je dévorais plutôt des mangas. Puis j’ai rencontré Philippe Delaby dans un cadre personnel – sa femme travaille avec ma mère. Il m’a ouvert les yeux sur la BD franco-belge actuelle. J’ai été ébloui par son trait, et ceux d’Enrico Marini et Juanjo Guarnido. A l’époque, j’étais étudiant aux Beaux-Arts de Tournai. Philippe m’a proposé de mettre ses planches en couleurs. Cela ne m’intéressait pas particulièrement au début, mais j’ai vite compris qu’on pouvait continuer à dessiner via la couleur. J’ai appris ce travail sur le tas. Aujourd’hui, j’ai besoin de m’occuper de mes propres couleurs : cela fait partie intégrante du dessin, et puis dès que je visualise une scène dans ma tête je me la représente en couleurs. C’est une étape terriblement importante, puisqu’une mauvaise mise en couleurs peut tuer une bonne bande dessinée, tout simplement.
Quels sont vos projets ?
J’ai arrêté mon activité de coloriste. Je me consacre intégralement à Barracuda, dont trois albums minimum sont prévus. J’en suis à la 17e planche du deuxième tome, qui devrait paraître à l’automne 2011. Le lecteur retrouvera nos trois héros quelques années plus tard : Raffy sera rongé par le fait de n’être pas reparti en mer, Maria va se venger du marchand d’esclaves, et Emilio/Emilia développera son côté féminin, tout en vivant une histoire d’amour…
Propos recueillis par Laurence Le Saux
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Barracuda #1
Par Jérémy et Jean Dufaux.
Dargaud, 13,50€, le 1er octobre 2010.
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Images © Dargaud.
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