Joker
Herb, Jed et Hawk sont cousins. Hawk est l’héritier de la prospère entreprise familiale, Batimax, tandis que ses cousins sont employés au bas de l’échelle. Tous les dimanches, ils se retrouvent pour jouer à un Huit américain pimentée d’une règle qu’ils ont inventé. Quand l’un des cousins tombe sur le Joker, il n’échange pas simplement son jeu avec un autre joueur, mais aussi sa vie, sa famille, son travail durant une semaine ! Tout se passe bien durant des années, jusqu’à ce que Hawk se mette à tricher…
Benjamin Adam, déjà très remarqué avec Lartigues et Prévert, offre une idée de scénario hyper accrocheuse, qu’il a plaisir à triturer en tous sens. Morts, fuites et trahisons s’enchaînent sans mollir. La construction en une succession de chapitres très brefs centrés sur un personnage ou un lieu produit un scénario nerveux. Flash-back, ellipses, et planches savamment composées musclent encore l’album et le rendent séduisant comme un film de Tarantino (l’hémoglobine en moins). Mais le décentrage incessant du point de vue étourdit un peu le lecteur, qui se pose des questions sur l’utilité de certains chapitres…
Les qualités formelles du livre sont, en revanche, remarquables : aspect géométrique des personnages, alternance tranchée du noir et blanc et choix typographiques judicieux donnent un ensemble élégant et graphique. Et comme souvent chez La Pastèque, le produit est soigné — ici avec une luxueuse couverture. Un album qui allie donc virtuosité et inventivité, et ne manque que d’un peu de maîtrise.
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