Journal d’une vie tranquille #1
Figure majeure du manga qui vient de fêter ses 80 ans, Tetsuya Chiba a commencé à travailler dans la bande dessinée alors qu’il était encore lycéen. Après plus de 60 ans de carrière, il a envie d’enfin pouvoir profiter d’une retraite bien méritée… mais c’est sans compter sur les éditeurs du magazine Big comic (Blue Giant, Happy !, Quartier Lointain…) qui insistent pour qu’il écrive un nouveau manga. Même si ce n’est que 4 pages par 4 pages, comme le faisait encore Shigeru Mizuki (Yôkaidô, Opération Mort, NonNonBâ…) jusqu’à son décès le 30 novembre 2015… Mais, si Tetsuya Chiba souhaite vivre une fin de vie paisible, il n’arrive pas à résister longtemps à l’appel de la table à dessin, et il se lance même dans une autobiographie tout en couleur !
Principalement connu à l’international pour Ashita no Joe (déjà publié aux éditions Glénat par Stéphane Ferrand, qui est à présent directeur éditorial des éditions Vega), l’homme a imaginé plusieurs dizaines de mangas. Avec Journal d’une vie tranquille, sa dernière œuvre en date, il livre une série grand format composé de mini chapitres revenant sur son parcours personnel et professionnel.
Deux parties distinctes et alternées façonnent ce premier tome. Une partie très légère revenant sur son quotidien et ses souvenirs récents de mangaka à l’aube de la retraite. Une autre sur sa jeunesse, plus forte et romanesque. Il évoque d’une part son décollement de rétine, sa dermatite atopique ou ses pertes de mémoire avec franchise et humour. Et de l’autre son enfance insouciante en Chine, coupé des conflits ambiants, mais tiraillé par la faim. Puis, son changement de vie à la fin de la Seconde Guerre mondiale : chassée et attaquée par les Russes et les Chinois en pleine guerre civile, la famille Chiba dut fuir et vivre une année durant cachée et dans la peur.
Il évoque également le dur métier de mangaka et ses délais infernaux, ses difficultés à se mettre au travail… ainsi que « Easy », un groupe de mangakas golfeurs créé le jour des funérailles d’Osamu Tezuka. On y retrouve des guest-stars telles que Takao Saitô (Golgo 13, Survivant…), Gô Nagai (Goldorak, Devilman…), Buronson (Hokuto no Ken, Sanctuary…), Leiji Matsumoto (Albator, Galaxy Express 999…), Fujio Akatsuka (père du personnage Iyami repris dans Mujirushi – Le Signe des rêves, la dernière série de Naoki Urasawa) et bien d’autres… Mais on reste un peu sur notre faim à ce niveau, car les vraies révélations, informations ou anecdotes croustillantes se font rares.
Un peu léger et un peu court (124 pages), ce récit porte un regard attendrissant sur son mangaka et sur sa propre histoire. Choix fort, mais aussi risqué de la part des éditions Vega, Journal d’une vie tranquille est amusant, sincère, mais aussi dur.
HINEMOSUNOTARI NIKKI volume 1 by Tetsuya CHIBA
©2018 Tetsuya CHIBA. All rights reserved.
Original Japanese edition published by SHOGAKUKAN.
French translation rights arranged with SHOGAKUKAN
through The Kashima Agency
Traduction : Satoko Fujimoto
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