Juniors
Maxime se pointe à la fête de Chloé déguisé en néo-nazi. Il embrasse Sarah, une gothique, qui se suicidera quelques jours plus tard, sans que cela émeuve grand monde. Victoire ne jure que par son nouveau copain, Félix… qu’elle découvre dans les bras d’une autre, dans une posture sans équivoque. Maxime et Victoire décident alors de partir, de tout plaquer. S’en suit un road trip qui les mènera à croiser des personnages tantôt sympathiques, tantôt franchement inquiétants. Guidé par le fantôme de Sarah, Maxime poursuit sa route, entre provocations et grandes déclarations d’amour, lors d’un périple qui doit les conduire à la rencontre des Dinosaur Jr, en concert à Paris.
Ce touche à tout d’Hervé Bourhis, après des ouvrages aux sujets d’une rare diversité (Le Teckel, Prévert, inventeur, Hélas, Le Petit livre de la bande dessinée…), s’attaque au monde adolescent, sans oublier une de ses passions, le rock, évoqué à travers le revival du groupe Dinosaur Jr – auquel les auteurs consacrent quelques belles pages en fin d’ouvrage – et qui constitue un motif récurrent dans l’album.
Le scénariste passe de vrais drames en fausses tragédies avec une rare dextérité. Malaise suscité par le suicide de Sarah, agaçante omniprésence des écrans polluant les relations, qui ne peuvent s’exprimer qu’au travers des réseaux sociaux, moments franchement absurdes (Maxime rencontre la belle-famille juive de son frère déguisé en nazi, son dépucelage a lieu dans un van désaffecté)… Autant d’histoires qui dressent un portrait acide, parfois désenchanté, de la génération Z. Le trait clair et noir d’Halfbob, façon Beavis et Butt-Head, construit un dessin simple et naïf, qui viendrait contraster avec l’aspect cru des péripéties des deux anti-héros. Cela sied à cet univers, tant et si bien qu’on imagine Maxime et Victoire dessiner leurs histoires sur un coin d’un bureau de salle de classe !
Capter l’âme adolescente, c’est savoir retranscrire la grave désinvolture de cet âge. Un pari réussi pour Juniors !
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