Zachary est à bout de force. Il a chevauché des jours durant dans le froid glacial. À peine trouve-t-il un village abandonné pour se reposer un temps qu’il rencontre Pearl, une jeune femme aux abois vivant recluse dans une bicoque au sein d’un village abandonné et bien peu accueillant.

Le western est un genre très exploité en bande dessinée, utilisant bien trop souvent les mêmes ficelles et schémas narratifs pour garder l’attention des lecteurs qui ne sont pas particulièrement accro au genre. À l’image du récent et excellent Hoka hey!, La Femme à l’étoile s’aventure en terrain miné avec une approche différente. Ainsi, on a affaire à peu de scènes clichées, si ce n’est bien entendu quelques fusillades inhérentes au genre. En revanche, très intimiste, ce western construit comme un huis-clos se concentre principalement sur ces deux personnages principaux, acculés par la vie et les répercussions de leurs choix.

Après les 700 pages de sa série No war publiées en l’espace d’un tout petit peu plus de 2 ans, Anthony Pastor nous revient avec un récit plus abouti sur le fond comme sur la forme. Là où on avait perdu la force et la beauté du graphisme de l’auteur, ils reviennent en grâce dans ce one-shot aux admirables encres aux tons bleutés évoquant l’aquarelle, qui renforcent la dureté et la froideur de son histoire. Là où l’action prenait le pas sur le scénario, c’est ici le fond qui prime, avec un récit plus ramassé, posé et réfléchi. Convaincu par sa détresse et son histoire, on suit ainsi le cheminement psychologique de son personnage principal à bout de course. Et là où l’auteur surprend le plus, c’est avec Pearl, son attitude, son histoire, et la manière dont celle-ci résonne avec celle de Zachary. Brillant par l’écriture fine de ses personnages et un sens de la rythmique narrative, Anthony Pastor parvient à laisser une place de choix à une femme dans le genre, sans pour autant forcer le trait et l’intention, ce qui est encore très rare malgré les quelques tentatives récentes.