Cette année 2017 fut celle des 60 ans de la création du personnage de Gaston Lagaffe – la BPI du Centre Pompidou n’était pas passé à côté avec une exposition dédiée aux doux rêveur d’André Franquin. Les éditions Dupuis y vont aussi de leur hommage, ou plutôt de leurs 60 hommages par des auteurs différents réunis dans un album. Un ouvrage collectif alternant le bon et le moins bon, mais perpétuant l’esprit du gag absurde à tendance écolo installé par M’sieur Gaston.

Soyons honnêtes, cette Galerie des gaffes ne fera pas date. Toutefois, sa lecture est agréable et donnera immanquablement envie de se replonger dans les albums de Franquin (objectif marketing atteint Monsieur Dupuis!). La plupart des auteurs reprennent à leur compte le principe du gag en une page, autour d’une invention explosive de Gaston, de son idylle vague avec Mademoiselle Jeanne, ou des contrats impossibles à signer par ce bon De Mesmaeker. Avec un zest d’Internet et de smartphone en plus – Gaston serait forcément un peu geek aujourd’hui. Dans cet esprit, on appréciera, outre la chouette couverture de Delaf, les gags d’Obion, Olivier Schwartz, Bouzard, Libon, Blutch, ou Ztnarf. Et on se réjouira devant les pas de côté signés Étienne Lecroart (un hommage érudit aux gags de la poubelle à pédale), Daniel Goossens (les personnages en version zombie), Mathieu Burniat (une BD dans la BD), ou Mathieu Reynès (Gaston version post-apocalyptique). Et surtout en lisant la page d’Aude Picaut, qui évoque sa relation avec son père, qu’elle voyait comme un Prunelle toujours en rogne mais dont elle espérait un jour se rapprocher. Car ils adoraient Gaston tous les deux. Comme nombre de générations de lecteurs et, sans aucun doute, de bien d’autres à l’avenir.