La Gueule du loup
Par Didier Tronchet. Futuropolis, 19 €, le 13 mars 2008.
Ça commence comme une satire sociale à la Tronchet : Jacky, chômeur trentenaire et obsédé sexuel aux faux airs de Jean-Claude Tergal – et aux blagues dignes de Jean-Claude Dusse, le pathétique loser des Bronzés -, fréquente une soirée de speed dating. S’y trouvent aussi François, respectable gynéco quinquagénaire, et Iléna, une mystérieuse jeune femme. Sous prétexte de savoir jusqu’où ils sont prêts à aller par amour, elle embarque Jacky et François dans une étrange affaire. Et voilà la comédie « tronchettienne » qui prend un virage vers le drame. Car la Roumaine Iléna cherche à délivrer sa sœur jumelle, sans papiers comme elle et détenue par un notable libidineux, prêt à tuer pour son bon plaisir. Après l’exotique Peuple des Endormis et un nouvel épisode de Raymond Calbuth, Didier Tronchet emmène son lecteur dans une équipée improbable. Il s’amuse à dépasser les apparences, rapprochant ses héros malgré leurs conditions sociales opposées. Ces derniers ont de véritables trognes (un menton exagérément carré pour François, des traits anguleux et creusés pour Iléna), mises en valeur par les couleurs lumineuses d’Hubert. Malgré la tragédie qui s’annonce, l’auteur insère ici ou là quelques touches comiques – les questions sur la sexualité de la fille adolescente de François, ou l’étonnante cinéphilie du Jacky, qui prévient son comparse en imitant Doris Day dans L’Homme qui en savait trop d’Alfred Hitchcock. En refusant de s’enfermer dans un genre précis, cette Gueule du loup surprend agréablement.
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