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La Légèreté

29 avril 2016 |
SERIE
La Légèreté
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
19.99 €
DATE DE SORTIE
29/04/2016
EAN
2205075667
Achat :

legerete_1Depuis le 7 janvier 2015, date du massacre à Charlie Hebdo, Catherine Meurisse est en survie. Au lendemain du drame, la collègue de Cabu, Wolinski, Charb, Honoré et Tignous s’interroge devant sa table à dessin, le crayon en main : « comment on fait, déjà ? ». Un conseil de Cavanna revient (« Un bon dessin de presse, c’est un coup de poing dans la gueule »), et les idées surgissent finalement, pour le « numéro des survivants » « Injustice : Cabu mort avant Johnny » ; « Un journal mort, dix de retrouvés »

Dans La Légèreté, la dessinatrice ne fait pas que raconter la veille d’un jour d’horreur (qui coïncide avec une rupture sentimentale), et sa confrontation directe à l’impensable. Elle détaille, surtout, son état psychologique après. La « zone altérée » de son cerveau qui l’empêche désormais de trouver les proportions, les perspectives. Son état de dissociation, une « anesthésie émotionnelle, sensorielle et mémorielle ». La façon dont elle perçoit l’émoi collectif — « après un tsunami de violence, un tsunami de soutien. Comment ne pas devenir fou ? ». Son impossibilité à convoquer ses mentors habituels (Proust, Dostoïevski…), qu’elle semble avoir oubliés. La lourdeur d’une protection rapprochée, permanente — « c’est comme se trimballer ses parents sur le dos en permanence », décrit l’un des gardes du corps.

Mais l’ouvrage ne tient pas de la plainte : la douleur en exsude, bien sûr, mais aussi l’humour (l’auteure appelle les frères Kouachi « les frères Kalachnikov », histoire de « rire un peu afin de ne pas devenir fou »), et surtout la quête d’une solution. D’un trait toujours vif et gracieux, plus rond que par le passé, Catherine Meurisse transcende ses cauchemars récurrents d’être transpercée de balles, part à la campagne quand les journalistes la sollicitent trop, refuse d’aller voir Obama aux Etats-Unis sous prétexte que les voyages en avion la rendent malade. Sa vitalité revient, quasi imperceptiblement. Notamment à travers la recherche de la beauté : elle s’installe un mois durant à la Villa Médicis, à Rome, espérant ressentir le syndrome de Stendhal (un « évanouissement face à un déluge de beautés »). Pas de happy ending forcé ici mais, doucement, pudiquement, l’expression qu’un peu de lumière perce, ou percera plus intensément, un jour.

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