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La mémoire de Francis Groux, cofondateur du Festival d’Angoulême

27 mars 2012 |

Retour sur le livre Au coin de ma mémoire, paru en octobre dernier chez PLG, dans lequel Francis Groux, cofondateur du Festival d’Angoulême, revient sur son riche parcours.

Francis Groux… Ce nom évoque quelque chose à tous ceux qui fréquentent de près la bande dessinée. Il ne s’agit ni d’un auteur, ni d’un éditeur, ni même d’un critique, mais il a pourtant contribué de manière indiscutable à l’évolution de l’image du 9e art. Lecteur passionné devenu conseiller municipal d’Angoulême dans les années 70, Francis Groux a été à l’origine du plus grand festival de bande dessinée d’Europe. Philippe Morin a eu la bonne idée de donner la parole à cet étonnant personnage des heures durant, avant d’y remettre de l’ordre avec l’aide d’Évariste Blanchet. Ces mémoires, bien que préfacés par Thierry Groensteen, n’ont donc rien d’un ouvrage de théoricien, il s’agit des souvenirs d’un homme clef du microcosme, qui raconte librement et sans prétention l’histoire d’un pari fou réussi.

au_coin_de_ma_memoire_couvSi le livre balaie toute la vie de Francis Groux, de son enfance catholique et son passage chez les scouts à sa passion des voyages, il est bien entendu centré sur le festival. Ponctué par des photos rares et des dessins de Jean Claval et de Krist Mirror, le livre en retrace de manière totalement subjective les origines et – ce qui est moins connu – les éléments qui en ont permis la pérennité. On découvre ainsi la constitution d’une équipe de passionnés étonnamment complémentaires ainsi que le poids du politique, dont les risques véhiculés par un changement de tendance municipale. Ce livre est dont le récit de la transformation d’une petite manifestation sans prétention en gigantesque rassemblement – une mutation qui aboutira parfois à en déposséder ses créateurs.

Malgré cela, on ne sent aucun regret ni aigreur dans le discours d’un homme qui n’a jamais cessé d’aller de l’avant. Et si tout n’est pas heureux (on comprend bien l’intention de la couverture, mais elle ne fait pas honneur au contenu…), ni forcément utile – les reproductions de dédicaces n’apparaissent pas toujours pertinentes, certains passages de l’entretien évoquant les autres passions de Francis Groux captivent moins –, c’est la conséquence logique d’une volonté de complétude concernant un parcours riche et très varié.

En ces temps où le festival est en conflit permanent avec la Cité de l’image, où chaque année s’élève la menace rituelle du « Festival d’Angoulême n’aura pas lieu », se rappeler les origines de la grand messe de la bande dessinée ne fait pas de mal. Car si la success story du petit salon de province devenu n°1 est belle, on constate à chaque instant l’équilibre fragile sur lequel ce bilan repose. À ce titre, ce petit livre complet, limpide et parfois drôle, se transforme au fil de sa lecture en un ouvrage nécessaire pour tous ceux que le sujet intéresse, et ceux qui font vivre le festival chaque année. Afin de garder en tête l’esprit initial de cette manifestation, culturelle avant d’être commerciale.

Maël Rannou

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Au coin de ma mémoire.
Propos de Francis Groux recueillis par Philippe Morin et Évariste Blanchet.
PLG, 19 €, octobre 2011.

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