La Mort aux yeux de cristal
À Rome, un tueur fou sévit, arrachant les yeux de belles jeunes femmes et laissant dans leurs orbites sanguinolentes un petit éclat de cristal. Les journaux à scandale en font leur miel et la police semble dépassée. Surtout que dans ce tourbillon médiatico-criminel, la superbe modèle Radka Sukova, réputée pour avoir le plus beau regard du monde, semble être la prochaine victime sur la liste de l’assassin…
Drôle d’idée que de vouloir faire un « giallo » en bande dessinée. Le giallo, c’est un genre cinématographique italien, développé notamment par les réalisateurs Dario Argento ou Mario Bava, et qui consistait, des années 1960 au début de la décennie 2000, en des films mélangeant polar, horreur et érotisme, dans un esprit très « bis ». Parmi les plus célèbres : Six femmes pour l’assassin, L’Oiseau au plumage de cristal, Les Frissons de l’angoisse… On est ici en plein dedans, avec un scénario signé Laurent Hamelin (Dans les eaux glacées du calcul égoïste) délicieusement tordu, volontiers gore, et au manque de crédibilité assumé. Et des scènes largement conçues pour déshabiller de plantureuses créatures… Mais la volonté de développer le passé familial de l’héroïne et surtout le background du personnage de l’enquêtrice – tenace policière lesbienne, qui voit son couple lui échapper alors que sa copine vient de mettre au monde un petit garçon – permet de penser qu’on n’est pas là face à un album enchaînant – comme trop souvent dans la BD de genre – les scènes de nudité gratuite. C’est un hommage, surprenant certes, mais à prendre comme tel. Et le trait ultra-expressionniste à dessein d’Étienne Oburie, éclairé de couleurs chatoyantes parfois en décalage avec le côté sombre de l’histoire, joue à plein dans le projet. Au final, abordé ainsi, La Mort aux yeux de cristal est intéressant. Mais il demeure toutefois un thriller horrifique mineur, ahurissant et peu profond, un exercice de style réussi mais pas au-delà.
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