La Part merveilleuse #1
Jardinier municipal dans un petit village, Orsay est l’un des rares humains à avoir subi une altération corporelle suite à son interaction avec un « toute ». Arrivés des années auparavant sur la planète Terre, sans que l’on ne sache réellement comment, ces êtres se sont révélés calmes et pacifiques. De toute beauté, ces organismes énigmatiques font à présent partie du quotidien. On ne sait que peu de choses à leur propos, excepté qu’ils meurent au contact de l’eau et que dans certains cas ils semblent fusionner avec les humains.
Le duo de quarantenaires touche à tout Jérôme Mulot et Florent Ruppert sévit dans la bande dessinée depuis 17 ans. Après avoir commencé dans des revues alternatives et auprès d’éditeurs indépendants, les dessinateurs et scénaristes ont opéré un virage artistique il y a 9 ans, par leur première collaboration avec Bastien Vivès sur La Grande Odalisque. Depuis, leurs personnages placides, leurs scènes et leurs dialogues décalés restent une des marques de fabrique du binôme, mais dans un vocabulaire narratif plus accessible.
Plusieurs albums plus tard, alternant collaborations, expérimentations, sorties plus grand public ou une combinaison de ces facteurs, les auteurs reviennent avec un premier tome (sur trois) fantastique, dans tous les sens du terme. En premier lieu, graphiquement. La couverture ne ment pas : leur travail sur les couleurs et le dessin est plus soigné que jamais. L’ambiance pop colorée et les visuels grandioses de cet album sont sublimés par le grand format et prennent toute leur ampleur dans des passages oniriques et hallucinatoires.
Pour rester sur l’aspect visuel, impossible d’éluder les similitudes avec la série Parasite de Hitoshi Iwaaki, les mains et corps parasités par les toutes présentant des transformations et pouvoirs similaires. Heureusement la comparaison s’arrête là, car les Ruppert et Mulot semblent avoir d’autres projets en tête. Leur premier tome allie science-fiction, action, body horror et métaphore sensorielle dans une découverte simultanée d’une réalité et d’un univers psychédélique. De nombreux mystères, une multitude d’interrogations et de pistes sont possiblement exploitables dans les deux derniers tomes, néanmoins, de premières critiques sociales sont délivrées sans grands détours autres que métaphoriques.
Une sensationnelle proposition qui pointe, par le truchement de la dystopie, des dysfonctionnements sociaux, des difficultés de communication à l’incompréhension, du difficile rapport aux autres et à l’acceptation de la différence.
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