La Peste #1-2
Oran, 1940. De plus en plus de rats sont retrouvés morts dans la rue, d’abord indifférente, la population s’inquiète et s’affole progressivement , dont le jeune et perspicace Bernard Rieux, docteur en médecine. Lorsque le concierge de son immeuble meurt brutalement d’une maladie inconnue, la lumière se fait alors dans l’esprit du médecin : l’impensable est arrivé, la peste, cette maladie que l’on pensait reléguée aux anciens temps, s’est abattue sur la ville. Une course contre le temps s’engage alors pour Rieux qui, malgré les réticences des autorités, organise la résistance face à l’épidémie qui menace de se répandre.
La littérature française a inspiré les auteurs de mangas comme pour le très réussi Les Misérables de Arai Takahiro, adapté de Victor Hugo, et, plus généralement, on trouve de nombreuses adaptations dans la collection des livres Les Classiques en Manga. C’est ici le chef d’œuvre d’Albert Camus qui est décliné en 4 tomes par le jeune mangaka Ryota Kurumado. Pour cette première adaptation du prix Nobel de littérature, on retrouve un fil narratif assez fidèle, entre tensions, suspense et questions métaphysiques. Les personnages secondaires sont bien définis comme le jeune journaliste Raymond Rambert et l’étranger d’Oran, Jean Tarrou.
Mais la comparaison avec le livre de Camus s’arrête là. Ni épaisseur, ni consistance. Les raisons en sont multiples. Tout d’abord, en cherchant l’universel, afin de coller, peut-être, plus à notre époque, celle du Covid, l’univers est mal campé. Oran n’est que peu, et même pas décrit et représenté, les personnages pourraient appartenir au passé comme au présent et cette intention, peut-être louable, ne fonctionne pas. C’est surtout le dessin qui apparaît peu concluant : des personnages aux traits enfantins, aux allures simplistes et faussement romantiques, qui accrochent le regard et apparaissent décalés, finissant par perdre le lecteur qui n’adhère que peu aux épreuves qu’ils rencontrent. Les émotions (peur, colère, …) sont à peine esquissées du fait de l’absence de nuance dans la palette.
Voilà donc une adaptation dont on peut aisément se passer. Si La Peste de Camus a connu un regain de succès avec la récente épidémie (350000 exemplaires vendus en 2020), l’ouvrage n’avait, pour autant, pas besoin de cette adaptation médiocre.
Publiez un commentaire