Avec ses copains, Claude joue au soldat, malmène les vendeurs de rue et les gamins plus faibles. Une vie d’enfant somme toute ordinaire, dans le Montréal populaire des années 1940. Mais voilà que la guerre, la vraie, fait irruption dans sa vie. Les hommes craignent la conscription, les femmes se lamentent. Il y aura bientôt des veuves…

Adaptée d’un roman autobiographique du Québécois Claude Jasmin (paru en 1972), La Petite Patrie est une BD fine et enlevée. Avec sensibilité, le scénariste Normand Grégoire transpose une tranche de vie entre innocence et horreur, s’attachant à la gaieté du jeune âge, et à l’anxiété qui sourd du quotidien des adultes et finit par contaminer, ici ou là, celui des mouflets. Au dessin, l’épatante Julie Rocheleau (La Colère de Fantômas) confirme tout le bien qu’on pensait d’elle. Clair, vif et mignon — sans être niais —, son trait traduit parfaitement l’énergie et la légèreté voilée de l’enfance. Achevant de faire de cet album un récit initiatique tendre, touchant et intelligent.