Tout comme Le Département des théories fumeuses regroupait le travail de Tom Gauld pour le magazine scientifique New Scientist, La Revanche des bibliothécaires reprend les bandes dessinées que l’auteur prépublie tous les dimanches dans le journal The Guardian. Ses histoires et idées littéraires sont toujours un régal de minimalisme et d’esprit. Tout amoureux de lecture et de l’objet livre devrait s’y retrouver et approuver sa seyante clairvoyance. Mieux, regroupés en petits recueils, ses strips sont de ceux qui peuvent s’offrir aux réfractaires de l’objet bande dessinée tant ils l’exploitent en marge de la production classique.

Avec sa classe très britannique, sa tenue très sérieuse et sa retenue, son humour pince-sans-rire et son dessin minimaliste portant à l’universalité, Tom Gauld parvient à se renouveler avec une aisance confondante. Absurde, référencée, poétique, insouciante, parodique, pertinente, impertinente, maline… chaque page apporte un regard aiguisé sur le monde du livre dans son ensemble, côté philosophique, terre à terre ou carrément fantasmé. Toute la profession y passe : bibliothécaires, évidemment, mais aussi éditeurs, journalistes, auteurs, agents, traducteurs…

En rien démonstratifs, la patte graphique et les bonshommes filiformes aux contours parfois à peine esquissés de l’auteur laissent une grande place aux bons mots. La diversité de propos, d’approche et l’exigence du corpus nous éloignent de tout humour facile ou potache. Parce que l’on peut rire sans se moquer, sans exagérer ou en faire des tonnes. Et Tom Gauld est certainement l’un des plus habiles en la matière !

Traduction : Éric Fontaine