La Ride
Sur le point de signer un contrat chez Bullshift, une formidable agence de pub, Florent reçoit un appel de son pote Simon qui, lui, est livreur à Paris. Enfin un vrai job en open space pour Florent et, surtout, fini les galères d’argent. Sauf que Simon a des envies d’ailleurs à vélo, il veut changer d’air et quitter la morosité ambiante. Comment ? En partant sur les routes bitumées et les sentiers à 10% de pente. Paris-Bourgogne en une semaine, à biclou, la bonne humeur en bandoulière, où il s’agira de se perdre pour partir à la rencontre de soi et, pourquoi pas, se retrouver. Florent hésite à peine. Voilà les deux amis partis pour une escapade sur les départementales de France !
La Ride, une belle BD à la gloire du vélo, du voyage, du partage, de l’effort, de l’amitié qui surfe sur une pratique de plus en plus à la mode, le bikepacking, l’itinérance à vélo ! Plus léger, on part avec quelques sacoches, deux vélos et un ami là où on ne sait pas. Enfin si, en Bourgogne, dans le Morvan. Quelques conseils : ne pas trop se charger, vider son esprit, chasser le stress et se poser deux secondes pour faire le point. Les deux auteurs, dans un album enlevé et joyeux, évoquent la langue du vélo, celle de la liberté, de l’innocence retrouvée, de la gourmandise. Un livre où l’on aime boire et manger en compagnie des autres, sous l’orage, dans le partage, la bonne humeur et les petites galères. Les tensions, la casse mécanique, une crevaison, des broutilles au regard des trésors offerts par les pédalées répétées.
De belles trouvailles visuelles et narratives, des retrouvailles avec soi couplées à des réflexions sobres sur la géographie de la France et ses mutations (le remembrement, la mise en tourisme), des dialogues qui claquent et des petites punchlines vélosophes (« Pédaler sans sueur, ce serait voyager sans histoires. Et ça, pas question »). Des couleurs pop, un graphisme fluide, des aplats pour la contemplation et une BD cadencée, en tous points enthousiaste. Finalement, au-delà du voyage, c’est une belle idée qui nous est proposée ici. Une ode à la petite reine avec l’envie de ralentir, pour en finir avec la vitesse et retrouver une forme de paresse. Poser le pied quoi, dans nos vies saturées d’urgence. La flânerie plutôt que les réseaux, se perdre pour se reconnecter à soi, aux autres et reprendre contact avec l’instant présent par le pédalage. La richesse, c’est la rencontre et il faut en passer par le vélo pour enfin comprendre, dans le sillage d’une roue populaire et bienveillante. Renouer avec le goût de l’accessoire, de l’essentiel.
Dernière page tournée, on a une furieuse envie d’enfourcher notre biclou et de foncer vers la vie, la vraie, celle des chemins inconnus, celle des roues qui parlent à la place de nos silences. « So I’m taking my time on my ride », chante le groupe Twenty-One Pilots. Et vous ?
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