La Trêve, chérie
Dans un village reculé et tristounet, un projet d’installation d’antenne-relais crée des tensions. Mais pas plus que la découverte de cadavres, une pierre posée à côté du corps. Comme la signature mystérieuse de l’assassin, qui pourrait avoir liquidé ses dernières victimes avec… un cerf-volant ! La gendarme Loreleï oriente son enquête vers les bois. Il faut dire que les animaux la regardent fixement…
Ce qui commence comme un polar rural, certes un peu bizarre, se mue peu à peu en un conte philosophique à tendance écolo, une réflexion métaphysique sur les dommages causés par l’homme à la nature, et la réaction potentielle d’une planète agressée. Pas étonnant de retrouver Thomas Gosselin derrière cette histoire troublante, aux ressorts parfois totalement absurdes. L’auteur de Sept milliards de chasseurs-cueilleurs sait tordre une trame scénaristique d’apparence classique vers un petit théâtre inquiétant ou grotesque. Afin de révéler les ambitions individuelles, les relations complexes entre les êtres et, ici, une fin du monde potentielle. Il s’associe pour ce faire à Isao Moutte (Castagne), qui gratte en noir et blanc un décor rêche convaincant, et des figures fatiguées, un peu comme du Tardi asséché. Le duo d’auteurs, page après page, dans un rythme toujours mouvant, délivrent un album sans pareil, déstabilisant souvent, aux limites de l’hermétisme parfois, mais avec toujours un humour cinglant sous-jacent et une réflexion pertinente. Un ovni.
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