La Valise
Cléophée est la seule à pouvoir franchir librement les murs de la Cité, ville-État totalitaire dirigée d’une main de fer par le Dux et sa milice. Grâce à sa valise aux pouvoirs mystérieux, celle que l’on surnomme la Passeuse exfiltre ceux qui souhaitent rejoindre la résistance de l’Extra-Muros. Mais le prix pour un voyage est élevé : 7 années par âme transportée, pour que la sorcière puisse conserver son éternelle jeunesse. Ne supportant plus de savoir leurs camarades exécutés, les rebelles décident de tenter l’impossible : obtenir un passage en sens inverse, au cœur de la Cité, pour faire tomber le régime…
La Valise est la première aventure sur le terrain de la bande dessinée pour Morgane Schmitt Giordano, Gabriel Amalric et Diane Ranville, qui se sont appuyés sur leur court-métrage du même nom produit pour un projet d’études. L’action, qui se déroulait originellement à la frontière suisse pendant la Seconde Guerre mondiale, se déplace ici dans une société dystopique où le pouvoir est détenu par un régime au discours et à l’esthétique fortement inspirés des dictatures nazies et communistes.
Pour trouver l’originalité du scénario, il faudra donc plutôt se tourner vers l’énigmatique et charismatique Cléophée que vers la finalité de l’histoire : une dénonciation du totalitarisme sous toutes ses formes. La vraie nature de la Passeuse et de sa valise reste d’ailleurs un des points que les auteurs ont – judicieusement – choisi de garder dans une zone d’ombre.
L’album tire aussi son épingle du jeu grâce à son superbe graphisme tout numérique proche du cinéma et du jeu vidéo. On note également l’importance des couleurs, notamment du noir et de l’or, pour signifier la contagion des idées et l’aveuglement face au pouvoir.
S’il n’est pas révolutionnaire dans son sujet, La Valise reste un one-shot indéniablement bien exécuté par un trio d’auteurs prometteurs, dont on attend le prochain projet de pied ferme !
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