On n’avait pas lu de nouveau livre d’Aurélia Aurita (LAP !, Ma vie est un best-seller…) depuis la parution de son succulent Comme un chef en 2018. La raison de cette absence – la maladie – est exposée sans détour dans ce nouvel ouvrage gourmand et intime. L’autrice révélée par Fraise et Chocolat mêle plus que jamais ses deux atouts : l’autobiographie et la cuisine.

Journal de découvertes culinaires, des assiettes aux cuisines en passant par la rencontre avec de grands chefs comme Pierre Gagnaire, cette nouvelle bande dessinée se construit dans une continuité avec sa précédente scénarisée par Benoît Peeters. Éveillant d’abord l’amour de la bonne chère, du travail artisanal et de l’exacerbation du plaisir dégustatif, ce récit est aussi celui d’une intime révélation, d’un long et difficile combat. Atteinte de cancer du sein, Aurélia Aurita se livre à cœur ouvert dans son cheminement personnel et médical. Livre cathartique entamé alors qu’elle n’avait pas encore vaincu le mal qui rongeait son corps, La Vie gourmande parvient à tenir un juste équilibre émotionnel durant plus de 350 pages. Intimes, coquines, dures, elles sont emplies de bienveillance, de dégustation et d’amitié et se parent de couleurs presque exclusivement pour la nourriture, grâce à de petites touches d’aquarelles et crayons de couleur.

Portant parfaitement son titre, cette BD montre à quel point l’autrice croque la vie à pleines dents, au sens propre comme au sens figuré, bien qu’elle se trouve à un tournant de sa vie d’adulte. L’autrice a bien grandi dans sa façon de se livrer, de se représenter et de construire ses histoires. Elle l’avoue elle-même, elle n’écrirait d’ailleurs plus du tout de la même manière son Fraise et Chocolat si elle devait le faire aujourd’hui. Aussi sa Vie gourmande est le témoignage d’une résilience, d’acceptation des embûches de la vie, d’une renaissance et de la vie d’une jeune femme fougueuse devenue quarantenaire.