La Vie hantée d’Anya
Anya est une ado avec plein de raisons, pense-t-elle, d’être mal dans sa peau : trop ronde à ses yeux, trop russe aux États-Unis, trop pauvre dans un lycée huppé, trop proche des fayots ou des rebelles pour être populaire. Mais un jour, elle bascule dans un puits et sa vie en fait autant : elle rencontre le fantôme d’une petite fille qui, trop heureuse de sortir enfin de son trou, va l’aider à réussir ce qu’elle veut entreprendre. Mais Anya laisse peu à peu beaucoup de place à cette revenante, aux intentions douteuses…
Après avoir publié l’excellent Un été en enfer!, Rue de Sèvres a la bonne idée de rééditer le premier one-shot de Vera Brosgol, précédemment paru en VF chez Altercomics sous le titre Le Fantôme d’Anya. Au fil d’une histoire somme toute assez convenue, proche du conte de fée qui tourne mal – une jeune innocente rêvant d’un avenir radieux pactise avec une créature maléfique et s’en mord finalement les doigts –, l’autrice américaine démontre un grand talent de conteuse. Car elle capte l’attention immédiatement, grâce à des personnages crédibles et des scènes domestiques qui sentent le vécu, des dialogues enlevés et un sens du rythme consommé. Graphiquement, son trait rond, à tendance légèrement cartoon, privilégie l’expressivité et la lisibilité, et son idée d’un fantôme évanescent aux contours gris pâle sur aplat blanc fonctionne parfaitement, car cette forme se révèle malléable à souhait, le gentil spectre devenant peu à peu une tueuse vengeresse… Une belle réussite, parfaitement calibrée pour les ados.
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