Laetitia Coryn frappe un grand coup de vieux
Ne vous fiez pas aux apparences. Cette petite brune au regard doux cache un humour trash et scato à la Vuillemin. Ses « victimes » préférées sont les octogénaires. Loin des archétypes de la mamie gâteau ou du grand-père bien digne, Laetitia Coryn dresse le portrait d’un troisième âge méchamment anarchiste, qui se moque des conventions et n’aime rien tant que jouer avec son corps mou et rabougri. Via Le Monde merveilleux des vieux, Laetitia Coryn nous arrache de gros rires outrés et nous donne envie d’être déjà vieux, histoire de s’éclater un peu !
Pourquoi, alors que vous n’avez que 25 ans, dessinez-vous des vieux ?
Je ne sais jamais quoi répondre à cette question. Je fais aussi des strips sur les jeunes, mais je me suis finalement focalisée sur les vieux. Il y a beaucoup de mon enfance et de mes grands-mères dans Le Monde merveilleux des vieux. Mes mamies sont mes « vieux » les plus proches. J’ai beaucoup partagé et appris à leur contact. Nos rapports n’étaient pas ceux d’une petite-fille modèle et de ses mamies gâteau. Au contraire, j’étais plutôt chiante et je leur faisais tout le temps des blagues… En somme, je continue à les taquiner, mais d’une autre manière !
Comment ont-elles réagi à la lecture du Monde merveilleux des vieux ?
J’avais peur qu’elles soient choquées par mes livres, mais en fait elles ont été très contentes et fières.
Pourquoi vos vieux ne ressemblent-ils pas aux bons grands-parents ni aux veilles tantes grincheuses habituelles ?
Parce qu’ils sont le reflet de ce que je suis maintenant. Je ne pense pas devenir différente quand je serai âgée. Mon corps aura changé, mais pas mon esprit. Ce n’est pas parce qu’on devient vieux que l’on devient con. Mes petits vieux s’acceptent comme ils sont. Ce sont en quelque sorte de vieux anars qui continuent à faire des conneries.
Vous n’hésitez pas à dessiner les corps âgés, en pleine déconfiture…
C’est un sujet intéressant parce qu’on a tous peur de voir notre enveloppe charnelle vieillir. Je trouve rigolo d’imaginer ce corps nouveau, devenu élastique avec une peau flasque ou des seins qui tombent. Et puis, si je continue à ne pas faire de sport, je vais avoir de moins en moins de mal à me projeter !
Comment trouvez-vous l’inspiration pour vos gags ?
La plupart du temps, je ne sais pas d’où ça vient. Je pense à un gag, je me dis « non, c’est trop exagéré », et puis finalement je le dessine quand même. En dehors de mes grands-mères et mes souvenirs d’enfance, je puise aussi l’inspiration chez mon copain. Il est un peu trash…
Comment êtes-vous devenu auteure de BD ?
C’est une longue histoire. J’ai toujours souhaité écrire des bandes dessinées. À 14 ans, un ami m’a présenté Jean-Claude Mézières [le dessinateur de Valérian]. À l’époque, je dessinais des elfes et des petites fées, il m’a aidée à mûrir, même si je ne le voyais que deux fois l’an. Puis j’ai bossé le dessin à Duperré et à l’atelier de Sèvres, et j’ai étudié d’animation 3D à l’école Estienne. Ensuite, j’ai fait un stage auprès de Florence Cestac. Elle me conseillait en me signalant les passages de mes planches qui ne fonctionnaient pas et qu’il fallait refaire. Je suis très impatiente et j’aime obtenir rapidement un résultat? Du coup, je m’en voulais de ne pas être plus perfectionniste. Florence m’a encouragée en me disant qu’il fallait faire les choses comme on le sent. Elle m’a aussi aidée à constituer mon book et m’a présentée aux éditions Albin Michel [maison rachetée ensuite par Glénat-Drugstore]. Ce fut un vrai coup de bol pour moi de rencontrer Jean-Claude et Florence, sans eux je n’en serais pas là.
Qu’est-ce qui vous plaît tant dans l’humour trash ?
Je ne sais pas. Un jour, je m’amusais à dessiner une bite. Bastien Vivès [révélation 2009 à Angoulême] me demandait en quoi ça me faisait rire. Je n’ai pas su lui répondre. J’ai toujours aimé les auteurs de Fluide Glacial par exemple. Et puis comme je suis quelqu’un d’assez tiède dans la vie, sans avis tranché, j’aime y aller à fond dans mes planches.
Quels sont vos autres projets ?
Rien de concret, à part une série de strips avec une petite vieille, dont certains sont sortis dans Psikopat [voir ci-dessus]. Je vais la présenter à mon éditeur bientôt. J’aimerais aussi travailler pour la jeunesse mais je n’ai pas encore d’idée bien définie.
Propos recueillis par Allison Reber
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Le Monde merveilleux des vieux #2
Par Laetitia Coryn. Drugstore, 10 €, le 4 février 2009.
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C’est vrai que c’est sacrément dégeu à certains moments Mais c’est drôle en tout cas! En plus l’auteur est très gentille, je l’avais croisé il y a quelques temps en dédicaces à Orléans.
Bonne route! -
C’est vrai que c’est sacrément dégeu à certains moments Mais c’est drôle en tout cas! En plus l’auteur est très gentille, je l’avais croisé il y a quelques temps en dédicaces à Orléans.
Bonne route!
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