L’Arborescent
Enrobé, binoclard et dans la lune, Tom est le souffre-douleur parfait de la cour de récréation. Lorsque ses camarades ne s’amusent pas à glisser des fourmis dans ses sandwichs, ils cherchent à le ridiculiser face à Aure, dont Tom est secrètement amoureux. Au cours d’une sortie scolaire qui tourne mal, le jeune garçon se retrouve perdu en forêt. Plutôt que de l’effrayer, l’expérience se révèle être pour lui un déclic car au milieu des bruissements des arbres, il se sent enfin entier et serein. Mais peu à peu, Tom « l’arborescent » se métamorphose, et la forêt qu’il porte en lui commence à prendre le dessus…
Dans cette première bande dessinée, Pieter Coudyzer, réalisateur flamand de films d’animation propose un graphisme mêlant réalisme et grotesque, particulièrement puissant, qui en devient presque dérangeant dans son utilisation répétée de très gros plans et des personnages aux traits étrangement spectraux. Le scénario, sombre et kafkaïen mais non dénué d’une certaine poésie, est directement inspiré du vécu de Coudyzer. La lecture est rapide puisque les dialogues sont plutôt rares, la priorité étant donnée aux rêveries introspectives du protagoniste et au pouvoir évocateur du dessin. La métaphore de la forêt, pivot central du récit, constitue la principale originalité dans le traitement du sujet, qui reste finalement assez classique. Et si l’on comprend l’idée globale du refuge intérieur qui se transforme peu à peu en pathologie mentale, l’allégorie est parfois difficile à suivre et son sens un peu obscur.
L’Arborescent reste néanmoins une œuvre troublante et atypique, qui illustre de manière étonnante la réticence avec laquelle la société accepte la différence.
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