Le Chat du rabbin #6
« Et si c’était pas moi, le centre du monde ? » Le chat du rabbin revient – après neuf ans d’absence – et doute tant qu’il peut. Et si sa maîtresse, la douce Zlabya, ne l’aimait plus ? Il faut dire qu’elle s’est mariée et vient d’apprendre qu’elle porte un enfant. Le matou gris rêve que le couple se dispute, que Zlabya recentre son attention sur lui, et lui donne toutes les caresses qu’il désire. Le bébé naît, le chat est toujours circonspect : le petit humain qui piaille « n’a pas un doux pelage où promener les doigts ». Se sentant exclu de la famille, le héros miaulant et philosophe tente de prier, finit par décider de s’en aller.
Une déception est toujours à relativiser par rapport à l’attente suscitée. Forcément, on espérait beaucoup de ce sixième épisode de la belle série de Joann Sfar. Trop longtemps endormi, son Chat semble ronronner un peu. On partage d’abord le désarroi de l’animal, on s’amuse un peu de ses excès, on le suit volontiers sur le sentier de la réflexion. Et puis on décroche quand il rencontre une souris, pénètre avec elle un hôtel, découvre la double infidélité de la tenancière des lieux – qui cocufie allègrement son mari –, et la dénonce. De cette fable insérée dans l’épisode, on saisit trop peu la portée, la charge symbolique. Certes agréable (le plaisir de retrouver non seulement le félin, mais aussi le beau trait de Sfar, les somptueuses couleurs de Brigitte Findakly), ce Chat se révèle aussi frustrant. Presque anecdotique. Peut-être une façon de clôturer, ou faire évoluer, un conte jusque là riche et profond ?
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