Le Château des animaux #1
Dans une ferme fortifiée, une petite société animale s’est constituée, loin des humains. Dirigé d’un sabot de fer par un monstrueux taureau, secondé par une horde de chiens belliqueux, ce Château des animaux survit tant bien que mal. Car poules, canards et autres lapins triment toute la journée pour assouvir les besoins de leurs nouveaux maîtres, qui règnent par la force. Mais la révolte gronde, accentuée par la famine qui guette et la violence arbitraire des puissants…
Xavier Dorison (Undertaker, Aristophania, Thorgal, Le Maître d’armes…) revisite ici La Ferme des animaux de George Orwell, indépassable métaphore littéraire d’un régime dictatorial, dans lequel les plus malins ou les plus forts dominent les autres castes, par la violence ou la menace. Ici, par les deux, puisque les tyrans brandissent régulièrement la crainte d’une meute de loups rôdant alentour, pour mieux justifier confinement et privations des plus faibles. Le scénariste s’éloigne toutefois de son modèle, en proposant presque davantage un thriller politique à huis clos qu’une fable grinçante. Et il le fait avec talent, dans un récit qui, s’il n’a pas le mérite premier de l’originalité, a celui de l’efficacité et du plaisir de lecture. Grâce en soit rendue au jeune Félix Delep, qui signe ici sa première bande dessinée, dans un style classique et léché, avec une maîtrise digne des vétérans du franco-belge. Ses animaux sont hyper-expressifs, sa mise en scène jamais ronronnante, sa mise en couleurs soignée. Impressionnant pour un auteur de tout juste 26 ans ! Attention toutefois : malgré des héros animaux et une trame limpide, cette série qui s’ouvre ne s’adresse pas aux jeunes lecteurs, notamment par la violence de certaines de ses séquences. Pourtant, elle aurait beaucoup à leur apprendre.
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