Le Château des millions d’années #1
Quand Himmler envoie un officier SS, en Irak, en 1939, c’est pour intensifier la diplomatie entre l’Allemagne nazie et les opposants locaux à l’Empire britannique. Mais c’est aussi pour accompagner sur le terrain de fouilles antiques une équipe d’archéologues. En effet, sur place, les chercheurs et militaires allemands découvrent d’étranges artefacts et font une rencontre fantastique (mystique? extraterrestre?) qui pourrait leur fournir de quoi changer le cours de la guerre à venir…
Nazisme, ésotérisme, légendes antiques, aliens… Ce doux mélange a été maintes fois abordé par la fiction, avec plus ou moins de bonheur. Mais le pari est risqué, car le ridicule n’est jamais loin, tapi derrière une dune ou une croix gammée. Ici, le scénariste Richard D. Nolane adapte le fameux roman de Stéphane Przybylski, dont on devine la richesse, la densité et la vision derrière les cases de la BD. Mais on ne fait que les deviner. Car la construction en flashbacks ne fonctionne pas dans cet album, alourdissant une narration déjà touffue, étalée sur plusieurs années. Ce n’est pas qu’on s’y perd – le code couleurs remplit son rôle – mais le récit est bien trop haché et, surtout, démesurément bavard pour qu’on s’y plonge totalement.
Collée au héros, qui en plus commente tout en voix off (ce qui renforce son côté déjà naturellement pénible), l’intrigue se noie sous des détails inutiles et ne trouve jamais son souffle épique. Alors que tout y est pour produire un bon divertissement façon blockbuster hollywoodien, ce que laissait suggérer la couverture (délibérément?) too much. Mais, englués dans le matériau de base, les auteurs ne trouvent jamais la solution. Pas plus le scénariste que le dessinateur. Le trait réaliste de l’artiste croate se révèle maladroit, incapable d’identifier les personnages correctement d’une page à l’autre, et son découpage, malgré tous ses efforts, ne parvient pas à insuffler de la vie dans ces interminables séquences dialoguées (les détourages sur fond blanc d’une tête qui parle sont trop nombreux et visuellement assez repoussants). Et la couleur, tartinée à grands coups d’effets de dégradés et de lumière, bouche tout horizon. Ce devait être une super-production, c’est un super-nanar qui, doublement hélas, se prend très au sérieux.
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