« Le Combat ordinaire » au ciné : honnête, mais sans éclat
Petit bijou publié en quatre tomes — entre 2003 et 2008 —, Le Combat ordinaire de Manu Larcenet (Blast) est adapté au cinéma par Laurent Tuel (Un jeu d’enfants, Jean-Philippe, La Grande Boucle…). Soit l’histoire d’un photographe de guerre, Marco, qui quitte son travail et s’installe à la campagne. Là, ce jeune homme surangoissé et pas toujours causant tente de s’apaiser. Il noue une relation amicale avec un voisin bourru, ose une vie de couple avec une jeune vétérinaire, et subit la dégradation de la mémoire de son père, malade d’Alzheimer.
Chronique sensible émaillée de plans naturalistes, ce film bénéficie d’un casting soigné : André Wilms fascine en ami trouble, ancien gradé qui tortura en Algérie ; Maud Wyler donne fraîcheur et justesse à la petite amie du héros ; Liliane Royère, dans la peau de sa mère, se montre gouailleuse à souhait — peut-être un poil trop d’ailleurs ; enfin, Nicolas Duvauchelle, dans le rôle principal (il remplace Manu Payet, un temps pressenti), reste en retrait, tendu, secret, assez magnétique. Plutôt attachants, les personnages évoluent dans un contexte social fortement ancré : Marco va photographier les chantiers navals où travaillait son père, écoute longuement les ouvriers.
C’est là que le long-métrage convainc le moins, comme s’il cherchait à étaler trop de généreux sentiments, à montrer sa bonne conscience socio-politique. Un choix qui fait ressortir le manque d’humour de cette incursion intime, qui se prend davantage au sérieux que la série qui l’a inspirée. Menant à un film sensible, honnête, mais dont la gravité parfois forcée n’emballe pas.
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Le Combat ordinaire
Long-métrage de Laurent Tuel, d’après la bande dessinée de Manu Larcenet.
Avec Nicolas Duvauchelle, Maud Wyler, André Wilms, Liliane Rovère, Olivier Perrier…
Durée : 1h40.
Sortie le 15 juillet 2015.
Photos © Haut et Court.
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