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Le Dernier sergent #1

7 novembre 2023 |
SERIE
Le Dernier sergent
ALBUM
Les Guerres immobiles - 1
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
34.95 €
DATE DE SORTIE
27/09/2023
EAN
B0CJKZTF2G
Achat :

Le Dernier sergent CaseSuite au premier cycle de son œuvre autobiographique récemment réédité chez Delcourt, Fabrice Neaud replonge dans son journal intime pour nous livrer un nouvel opus de plus de 400 pages, premier volet d’un nouveau cycle annoncé en 4 tomes : Le Dernier sergent. 21 ans après la parution du 4e et dernier volume clôturant les huit centaines de pages de son célèbre Journal, le présent ouvrage nous emmène 2 ans après les précédents événements relatés, en revenant sur ce qu’il s’est passé dans sa vie du mois d’avril 1998 au mois d’avril 2000, période d’écriture du 3e opus.

À ce moment-là, la reconnaissance pour son travail est plus que jamais réelle. Son premier album a obtenu l’Alph’Art « Coup de cœur » du Festival d’Angoulême de 1997, la presse parle de son œuvre, le milieu de la bande dessinée aussi, il est invité au festival de BD de Rome (un des passages marquants relate d’ailleurs cette expérience malheureuse)… Mais pourtant, comme on le voit ici au travers des yeux du principal intéressé, il est encore loin de pouvoir vivre de son simple métier d’auteur de BD, comme c’est (enfin) le cas aujourd’hui.

Si le diariste n’est pas le premier à exposer sa vie à l’écrit et en bande dessinée, il est toujours autant évident à la lecture de ce nouveau volume que son œuvre autobiographique (qu’il rassemble à présent sous l’appellation L’Esthétique des Brutes) est d’une sincérité et d’une crudité si manifestes qu’elle en est aussi bien fascinante que désarçonnante. Sans jamais dépeindre la réalité pour tirer la couverture à lui, Fabrice Neaud se met en scène sans fard et n’hésite aucunement à montrer sa misère affective et professionnelle, ses virées nocturnes si nombreuses et infructueuses, ses doutes, ses failles, ses blessures intimes…

Évidemment, le graphisme hachuré est plus assuré qu’il y a 20 ans (avec tout de même certains passages qui trahissent le temps passé, les planches étant retravaillées à partir de ses carnets de l’époque). Il retranscrit aussi plus précisément le vécu de son auteur, nous pousse au plus près de la réalité et nous présente en outre des cases et planches sur lesquelles on ne peut que s’arrêter.

Contrairement aux pages des premiers opus, le raisonnement critique de ce volume est inédit, Fabrice Neaud revenant sur des événements datés de plus de deux décennies avec son regard d’aujourd’hui. Cette réflexion constante était déjà une force des précédents ouvrages de l’artiste, mais cette vue distanciée apporte une observation introspective, sociale et interpersonnelle d’autant plus fine.

On suit donc non seulement le quotidien et la propre analyse qu’en fait son narrateur et auteur, mais également ses profondes réflexions sur lui-même, ses proches, ce(ux) qu’il rencontre, les discussions qu’il mène, les événements tragiques qu’il traverse, la littérature et la musique, ses relations compliquées avec sa famille… ainsi que son attirance magnétique envers la figure d’Antoine, militaire fantasmé et réel qui prend une place non négligeable dans l’existence spirituelle et physique de Fabrice, bien qu’il ne puisse pas assouvir avec lui ses envies les plus lubriques.

L’exercice autobiographique aura rarement été aussi profond et réussi en bande dessinée. Si ce Dernier sergent peut se suffire à lui-même et se lire indépendamment du premier cycle, il prend toutefois une tout autre ampleur après avoir (re)lus les précédents livres qui ouvrent cette mise à nu.

Le Dernier sergent Planche

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