Le Frère de Göring #1
Hermann Göring était un des plus importants dignitaires du régime nazi. Soldat vaillant, pilote émérite, il dirigea l’aviation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale et atteignit les plus hautes fonctions dans l’armée. Mais il était aussi accro au luxe et à la morphine et, physiquement massif, on le surnommait l’ogre. Mais c’est à son frère, Albert, que s’intéresse ce diptyque. L’opposé du ventripotent nazi, discret, cultivé. C’est ce qu’il tente de faire comprendre aux autorités qui le questionnent après la défaite : il n’a jamais souscrit aux idées nazis, n’a commis aucun crime et s’est même servi de son nom pour protéger des juifs. Vérité ? Manipulation ?
On n’attendait pas forcément Arnaud Le Gouëfflec (Topless, J’aurai ta peau Dominique A, Soucoupes, Mondo Reverso, La Carte du ciel, Vince Taylor…) dans ce registre, mais sa belle plume de scénariste se joue fort bien des contraintes de la bande dessinée historique. Il choisit une narration en flashback avec voix off, celle de son « héros » contant sa trajectoire lors de son interrogatoire. De sorte qu’on ne quitte jamais ou presque son point de vue (sauf quand son geôlier met en avant ses doutes), et qu’on ne peut savoir quelle est la part de vérité dans ce déroulé autobiographique. Ce choix narratif – risqué mais, ici, fort bien assumé – permet de revivre quelque moments clés de la monté du nazisme en Allemagne, à travers le personnage d’Hermann, nationaliste médiocre et détestable, très vite fasciné par Hitler. D’un trait réaliste aux hachures vibrantes, Steven Lejeune (Dieux a les boules!, Oxydes…) brosse ce tableau crédible d’un pays submergé par la folie brune, et un portrait trouble des Göring. Et même si la mise en couleurs manque parfois de précision et de subtilité, notamment dans les arrière-plans marrons ou les ombres sur les peaux, l’ambiance générale suffit à embarquer. Un premier tome convaincant, donc, par sa documentation, son point de vue et sa dramaturgie efficace.
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C’est un titre bizarre. Le frère de Hermann Goering s’appelle aussi Goering, non ?
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