Par Cyril Doisneau. La Pastèque, 16,40€, mars 2013.

Qu’elles sont bath les années 1960 ! Surtout pour Jacques et Renée, deux marlous du Havre qui lâchent les mauvais coups et les putes au grand cœur pour partir vers l’Amérique. Et pas n’importe comment, sur le France s’il-vous-plaît ! À bord, les deux chanceux deviennent vite les favoris de Yolanda (un clone de Dalida) et vivent la dolce vita…

Cyril Doisneau aime soigner les décors ; son précédent album, Objets, racontait un couple par les objets qui l’entourent. Avec Le Havre-New York, il se penche sur les belles choses : des Mercedes, une moto Norton, le paquebot France dont les dessous nous sont dévoilés — et quand une DS est descendue par une grue au-dessus des toits de Big Apple, on croirait une couverture du New Yorker !

Le trait simple et élégant fait ressortir les lignes d’une voiture, de Yolanda ou des toits des buildings. Les couleurs — exclusivement du gris, du bleu et du noir — donnent une note jazzy à l’ensemble. Tout est apparemment charmant et léger comme une comédie musicale, mais l’auteur apporte une touche mélancolique dans la galerie de personnages qui peuplent le France : une infirmière peu farouche aux traits de Jean Seberg, un cuisinier au grand cœur, et surtout Yolanda, écrasée de solitude. De l’art de parler de choses graves avec légèreté.

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