Par James Sturm. Delcourt, 17,50 €, le 6 octobre 2010.

Dans cette campagne d’Europe de l’Est, au début du XXe siècele, Mendleman a tout pour être heureux. Son épouse va bientôt accoucher de leur premier enfant et il a atteint un haut niveau de technique et de créativité dans son métier. En effet, ses tapis sont des évocations des sentiments humains, qui ont su toucher un revendeur en ville. Mais aujourd’hui, jour de marché, Mendleman apprend que son principal client a pris sa retraite et que le temps est venu des grands magasins etdes produits d’usine de faible qualité. Une révolution économique et un total chamboulement dans la tête de notre tisserand…

James Sturm, auteur salué du Swing du Golem, réussit à immerger le lecteur dans une communauté juive au tournant du siècle, avec une grande sobriété narrative.De rares dialogues, un peu d’introspection, des images sans fioritures. Le malaise qui gagne peu à peu le héros est ainsi décrit comme une sorte de vide, un tourbillon qui aspire tout autour de lui : les espoirs familiaux et sociaux de Mendleman, son engagement en tant que père et croyant, sa foi. Ce conte moral (mais pas moralisateur, ni trop centré sur la culture juive) pénètre le lecteur peu à peu, sans forcer ni donner immédiatement ses clefs. Cela, et sa ligne claire efficace (qui évoque parfois celle de Seth), font de ce Jour du marché une oeuvre étonnante, réfléchie et émouvante, qui interpelle plus qu’elle n’assène. Une singulière réussite.

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