Le Maître d’armes
En ce XVIe siècle en France, on peut dire que le changement, c’est maintenant. Les idées protestantes font leur chemin, malgré la haine que leur portent les catholiques. Et une certaine modernité s’est aussi immiscée dans les techniques guerrières de la cour du roi François : la rapière, légère et acérée, remplace l’épée lourde et d’un maniement complexe, issue du Moyen-Âge. Une révolution pas si anecdotique.
Ici, on suit Hans Stalhoffer, tenant de l’épée et maître d’armes royal, qui se fait renverser par le moderne et fourbe Maleztraza. Longtemps après sa déchéance, il viendra en aide à deux hommes porteurs d’une bombe de papier : une Bible traduite en français.
L’excellent Xavier Dorison (Undertaker, Comment faire fortune en juin 40, Asgard, HSE, Ulysse 1781, Les Sentinelles…) se penche ici sur un sujet complexe, entre Histoire, politique et religion, et a l’intelligence de l’attaquer par une face méconnue, celle des armes. Un des changements marquant la fin du Moyen-Âge pour ouvrir la Renaissance. Bonne idée, car il parvient ainsi à aborder de nombreuses thématiques avec pédagogie et un vrai sens dramatique. Mais sa trame scénaristique, en forme d’interminable et sanglante course-poursuite dans les forêts et montagnes, convainc moins. Et ennuie même par moments, malgré de spectaculaires combats. Sans doute une narration plus échevelée et des changements de décor plus nombreux auraient davantage dopé l’intérêt. Un petit défaut qui ne nuit pas à la qualité générale de l’album, joliment soutenu par un travail à la fois pointu et viril de Joël Parnotte (Le Sang des Porphyre) au dessin.
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Curieux de lire des critiques où l’on se permet de « conseiller » un scénariste sur son choix de narration, de décors, etc. … Comme si vous, brillant critique, saviez mieux ce qu’il convient de faire ou non dans un album BD… N’hésitez pas dans ce cas à vous lancer en tant que scénariste ou, pourquoi pas, d’éditeur !
Ne pas apprécier un album ou les choix de ses auteurs est tout à fait légitime. Lui donner une note moyenne l’est également dans une certaine mesure. Mais profiter d’une critique pour sous entendre que vous savez mieux qu’eux ce qu’il aurait convenu de faire est pour le moins insultant. En tout cas d’une prétention sans borne. Et ceci ne s’adresse pas qu’à cette critique en particulier mais à nombres rédigées sur ce site…
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