Le Monde carré des Cubidules
Il était une fois des êtres cubiques, n’aspirant qu’aux angles droits et aux formes carrées. C’est vrai que c’est drôlement pratique pour ranger ses affaires, et au moins, on n’est pas distraits par des choses biscornues et fantaisistes. Roue carrée, maison cubique, légumes bien droits. Tout est pour le mieux dans le plus rigide des mondes, où même la couleur de peau – un étrange vert pâle – est imposée. Mais la dictature des Cubidules va être ébranlée, par la volonté de ses dirigeants de l’étendre au règne animal et par la frustration d’un peuple trop longtemps encadré…
Pour sa première bande dessinée, après quelques livres jeunesse, Éléonore Douspis joue à fond la carte du design, avec son monde foutraque tout carré, dans un livre au format forcément carré. D’une ligne fine et précise, elle décrypte telle une anthropologue pour enfants cet univers singulier, détaille la vie quotidienne, les défis et aspirations de ces étranges créatures engoncées dans leurs principes. C’est amusant et piquant, du moins jusqu’au moment où les questions politiques se font jour et où l’obsession carrée devient un dogme dangereux. Là, l’album se fait moins convaincant car trop caricatural, n’assumant pas totalement son parti-pris absurde initial. Il enfonce des portes ouvertes, rate ses rebondissements et se conclut de manière assez convenue. Néanmoins, les plus jeunes lecteurs s’amuseront de ce petit monde délirant et trouveront matière à réflexion autour des questions de tolérance et d’ouverture d’esprit.
Publiez un commentaire