Le Passager
Seul sur son voilier en perdition, Henri trouve enfin refuge dans un charmant petit port, après des jours à la dérive. Sans souvenir précis de ce qui s’est passé, ni d’où il était auparavant. Débordant d’enthousiasme de retrouver enfin la compagnie des hommes (et des femmes), il s’adonne à la fête et à l’ivresse tous les soirs, et devient rapidement le meilleur ami de tout le monde. Mais que vont dévoiler les pellicules photos retrouvées dans son bateau, et qui n’attendent que d’être développées ?
Curieux album que ce one-shot, grand format et un peu hors du temps. Avec ses larges cases permettant d’apprécier le très fluide travail de lavis du jeune dessinateur et graveur Patrice Réglat-Vizzavona, expressif et charnel, Le Passager dicte une narration lente et déliée. Avec peu d’action, mais des séquences de vie bien brossées, composant un portrait en clair-obscur d’un personnage dont on ne sait s’il est un manipulateur ou une victime. Dès lors, les pages de rêves (en gravure) et les scènes de tension sont d’autant plus fortes et éprouvantes. Jusqu’à la révélation horrifique finale. On retrouve dans ce livre un parfum de cinéma des années 1950, composant par petites touches une atmosphère fantastique, avec une grande économie de moyens, à la frontière entre le malsain et l’envoûtant, comme un poison délicieux. Et si on est un peu frustré par une conclusion un peu rapidement expédiée et sans explication (mais était-elle nécessaire?), on ne peut qu’apprécier l’exercice de style. Qui risque toutefois de ne plaire qu’aux amateurs du genre.
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