Le Peintre hors-la-loi
Frantz Duchazeau s’inspire ici de la vie de l’artiste Lazare Bruandet qui, en pleine Révolution française, allait poser les bases d’une peinture d’après nature, réalisée avec le chevalet posé sur une colline ou dans une clairière. Un personnage mal connu et intrigant, que l’auteur portraiture comme un homme autant habité par sa passion que par ses démons, à savoir l’alcool et la violence.
L’album démarre en effet avec sa fuite de Paris, juste après qu’il a précipité son épouse par la fenêtre. Il évite les forces de l’ordre, et gagne la campagne. Là, il découvre des habitants terrorisés par des brigands se faisant passer pour des milices révolutionnaires. Car si le roi vient de perdre la tête à Paris, le reste de la France est en état de guerre, et tout le monde en pâtit. Mais qu’importe pour Lazare, qui ne veut que peindre et vivre libre. Alors il boit, joue de la bouteille, de l’épée ou du fusil, car au fond de lui brille une petite lueur de morale, au milieu d’une noirceur dépressive.
Après la musique dans Le Rêve de Meteor Slim, Blackface Banjo ou Mozart à Paris, Frantz Duchazeau explore donc l’histoire de la peinture au fil d’un one-shot d’une grande maîtrise, tant dans le découpage que dans le dessin. Si on pense parfois à Isaac le pirate de Christophe Blain (pour le côté peintre aventurier et coureur de jupons), il s’en détache pour creuser son propre sillon, avec les tripes. Son Lazare est un anti-héros à la fois repoussant et bouleversant, et l’album se révèle être autant une réflexion profonde sur la douleur de la création qu’un hommage aux pionniers de la peinture moderne et une vision originale de la Révolution française. Une réussite.
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