Le Père turc
Atteinte d’un cancer aussi fulgurant qu’incurable, Afife, intellectuelle turque, décide d’emmener son neveu sur les traces d’Atatürk, fondateur de la Turquie moderne. Et ce, alors que le gamin est tenté par rejoindre Daesh et qu’Erdogan impose peu à peu ses préceptes politiques et religieux sur toute la société turque.
Loulou Dédola, scénariste de Jeux d’ombres, propose ici un double projet : à la fois une biographie de Mustafa Kemal Atatürk et un plaidoyer pour une société laïque et plus ouverte et tolérante, afin d’empêcher le fondamentalisme d’hypnotiser la jeunesse. Le tout dans un esprit positif et bienveillant. Rien à redire sur l’ambition et les motivations du projet : alors qu’Erdogan a remporté les dernières élections en Turquie tout en modifiant le régime vers une présidentialisation accrue, il est plus que jamais nécessaire de comprendre les origines de la République de Kemal. Et de croire, en s’inspirant de sa révolution et de son idéal, à un possible avenir meilleur. Néanmoins, le procédé narratif – un voyage intime et éducatif entre une mourante et un gamin en quête de repères – est un peu lourd voire mielleux, même s’il est hyper efficace pour l’aspect documentaire et propice à l’émotion. Au dessin, le Sicilien Lelio Bonaccorso (419 African Mafia, Mafia Tabloïds…) offre le style idoine au projet, réaliste quand c’est nécessaire, plus léger, expressif voire cartoonesque dans les séquences moins historiques. Au final, le ressenti global de ce Père turc est plutôt positif : malgré une dramaturgie pas très moderne, le fond est intéressant, documenté et engagé.
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