Le Rêve de Meteor Slim
Par Frantz Duchazeau. Sarbacane, 23 €, le 3 mars 2008.
C’est un pavé somptueux aux accents désespérés, qui colle parfaitement à l’ambiance d’un jour de pluie. Sur 160 pages en noir et blanc, Frantz Duchazeau (Les Vaincus) étale la vie inventée d’Edward Ray Cochran. Dans le Mississippi des années 1930, ce jeune homme de 25 ans plante femme et enfant pour vivre son rêve. Armé d’une guitare, il devient Meteor Slim, wannabe bluesman qui joue comme un dieu lorsque l’alcool coule dans ses veines. L’auteur trimballe son anti-héros – attachant parce que paumé, mais pas franchement sympathique – de bar enfumé en studio d’enregistrement miteux, de Cleveland à Dallas. Les décors sont parfois limités à un fond blanc. Ce qui rend les personnages encore plus palpables, malgré des visages proches du masque, croqués d’un trait naïf. Plus importants semblent la guitare, le costume chic ou le chapeau mou. Autant d’attributs du bluesman qui traduisent sa solitude, sa quête de gloire. On se prend à croire à ce destin brisé d’un homme tenace, aussi mélancolique qu’une chanson lancinante.
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