Le Roi Méduse #1
Un petit garçon vit seul avec son père, « grand penseur » selon lui, qui vit reclus dans la maison, dans une profonde dépression. Mais un jour, les dessins du fiston semblent réveiller le papa : il reprend de la vigueur, et démarre un vaste chantier ésotérico-politico-artistique, qui se nourrit d’histoires ahurissantes virant rapidement aux théories du complot. De drôles de personnages viennent les visiter, et la réalité se mêle aux fantasmes, un peu plus chaque jour…
On retrouve dans ce premier tome du Roi Méduse tout ce qui fait de Brecht Evens un auteur unique : des compositions de pages audacieuses, un sens du rythme toujours surprenant, et surtout un magnifique usage des encres colorées, mille fois copié, jamais égalé. Dans ses pleines pages comme dans ses petits dessins d’accumulation, dans ses mises en scène tantôt denses, tantôt éthérées, dans ses portraits de personnages, dans son lettrage d’une élégance folle, la couleur vibre et raconte, comme les mouvements de baguette hypnotiques d’un enchanteur. Surtout, ici, Brecht Evens ne se laisse pas aller à un discours obscur ou une trame floue qui ne serait qu’un prétexte à démonstration graphique, comme ce fut le cas de certains travaux. Il se tient à son récit, extrêmement bizarre, certes, mais construit avec précision et marchant toujours sur le fil entre cauchemar, réalité et conte halluciné. L’étrangeté va crescendo, comme la tension autour du jeune Arthur qui garde une forme de lucidité par rapport à un paternel psychotique parti dans des sphères mentales lointaines, mais qui a aussi envie de croire à de belles histoires. Alors quand la dernière partie prend les atours d’une aventure de pirates surréaliste, on part sur les mers avec lui, enthousiastes et aveugles au danger !
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