Par Damour et Jean-Pierre Pécau.
Delcourt, 12,90 €, le 18 juin.

Thomas M. ne se souvient de rien. Ni de son passé, ni de la raison de son enfermement dans l’hôpital psychiatrique qu’il a fui, ni pourquoi il possède ce bout de pellicule rarissime : un fragment de l’introduction disparue de Docteur Mabuse, de Fritz Lang. Mais cette amnésie a aussi de bons côtés pour Thomas M. : elle lui permet d’ignorer tout de cadavres sauvagement « arrangés », retrouvés dans son sillage par l’inspecteur Lotte S. Habou. Pour compliquer – encore plus – le destin du héros, ces crimes semblent être fomentés par une société secrète… Très riche, ce premier tome est servi par un casting de personnages forts et complexes, notamment cette rude femme flic qui laisse parfois entrevoir sa fragilité. D’un trait nerveux, Damour campe ses acteurs dans de belles atmosphères sombres. Le scénario, parfois tiré par les cheveux (les tueurs en série ne seraient que des marionnettes manipulées par on ne sait qui), est délicieusement nourri de références aux films de Fritz Lang. Les auteurs de Nash réussissent un polar ambitieux.

Allison Reber