Changement d’employeur mais pas complètement de vie pour le Tueur : il continue à exécuter des individus, mais pour le compte de l’État français, pour ses services d’espionnage plus précisément. Contraint de collaborer sous peine d’être poursuivi, il met à profit ses compétences d’assassins d’élite dans une affaire politico-criminelle dans les cités du Havre, entre élections municipales et trafic de drogue. Une mission de « service public » pour un héros toujours aussi tranchant et clairvoyant, à la limite du cynisme…

Nouvelle saison pour la série lancée par Matz et Luc Jacamon en 1998, et qui compte déjà treize tomes. Une série phare qui marqué son époque, et qui prend un virage plus politique avec ce nouveau cycle. Par une voix off lancinante et omniprésente (lire: percutante mais un peu lassante), l’antihéros décrit le monde d’aujourd’hui avec acuité : ses dérives capitalistiques, ses petits arrangements politiques, son aveuglement écologique… Pour mieux taire l’immoralité – assumée – de ses actes, peut-être. Quoi qu’il en soit, le texte claque, la langue de Matz étant particulièrement affûtée ici. Côté action, c’est bien dosé et encore calme dans ce premier tome. Cependant, Luc Jacamon n’a rien perdu de son talent de découpage et de cadrage, réussissant à dynamiser un trait réaliste parfois un peu raide et mono-expressif.

Ce retour d’une série désormais classique fait le boulot avec efficacité à défaut de vraiment se renouveler.