Leçons coloniales °
Par Dillali Defali et Azouz Begag. Delcourt, 16,95 €, mars 2012.
Avant de signer son premier scénario de BD, le chercheur et écrivain Azouz Begag fut ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances dans le gouvernement de Dominique de Villepin, et multiplia les propos choc sur l’intégration.
Ici, il s’intéresse à la ville algérienne de Sétif, où naquirent ses parents, par un biais qui lui est cher : l’éducation. Le lecteur suit le destin d’une jeune et volontaire institutrice française, fraîchement débarquée de métropole. Elle tente de donner une éducation aux jeunes « indigènes » en même temps qu’aux fils de colons, et se heurte rapidement à de très fortes résistances culturelles et politiques.
Sur le même thème, l’auteur se montrait bien plus inspiré en 1986, lorsqu’il évoquait son enfance dans un bidonville de la banlieue lyonnaise et l’importance de l’école dans sa vie (Le Gone du Chaâba). Dans cet album, les personnages sont terriblement caricaturaux : l’héroïne est forcément jeune et belle — voire assez sexy —, et les méchants sont… très méchants. On attendait plus de subtilité d’un album cherchant à rendre l’atmosphère de l’Algérie à la veille des massacres de Sétif. Un peu alambiqué, le scénario multiplie les pistes et perd son lecteur. Qui dénombrera deux histoires d’amour et des malentendus autour de l’institutrice, un secret de famille, des intrigues politiques, l’enjeu de l’éducation des petits indigènes… Le récit n’est même pas sauvé ou modernisé par le dessin de Djillali Defali (Assassin’s creed), franchement ringard, franchement ringard : les personnages sont très stéréotypés, exagérément beaux et musclés, et le découpage des scènes manque de souffle. On se passera donc de ces Leçons coloniales, décidément indigestes.
Mélanie Monroy
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