L’Écume des jours **
Par Marion Mousse et Jean David Morvan, d’après Boris Vian. Delcourt, mai 2012.
Alors que Michel Gondry prépare sa transposition au ciné de L’Écume des jours, Marion Mousse et Jean David Morvan proposent leur propre version, en bande dessinée, du chef d’oeuvre de Boris Vian. Ou la déchirante histoire d’amour de Colin et Chloé, entre soirées zazous, conférences existentialistes, après-midi patinoire, et ce terrible nénuphar qui dévorera lentement la jolie Chloé…
Mais le résultat n’est pas à la hauteur des espérances. Bien sûr, on retrouve, telle quelle, toute l’inventivité de Vian, dans sa manière de tordre les mots et le cou à la mort, de se moquer de ses contemporains, de crier son amour du jazz et de l’Amérique, d’alerter sur les dérives du monde moderne. De toute évidence, Morvan a mis beaucoup d’énergie à s’emparer de la prose de l’écrivain pour rythmer son album de 170 pages, et Marion Mousse (Frankenstein, Les Contrebandiers du Moonfleet…) offre son trait fin, détaillé et expressif au service d’un scénario dense. Pourtant, ça ne prend pas vraiment. L’univers écrit de Vian était sans doute trop touffu et suffisamment évocateur pour qu’il puisse se passer d’images voulant lui coller de trop près à la peau. L’accumulation des séquences, des détails, des lieux et des personnages étouffe l’émotion, et le déroulé de l’intrigue paraît bien laborieux. Les auteurs ne se détachent pas assez du roman originel, ne réussissent pas à bâtir un univers un tant soit peu personnel à partir de celui-ci. Ceux qui n’ont jamais lu L’Écume des jours trouveront sans doute là un récit original et bien réalisé. Les autres, et ils sont nombreux, risquent d’être fort déçus.
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