Pascalet vit à la campagne, avec ses parents et sa tante. Le temps est doux, les jours paisibles. Seule la rivière lui est interdite, car mystérieuse et dangereuse. Trop tentant, évidemment, pour un enfant en quête de nouveautés. Profitant de l’absence pour une semaine de ses parents et de l’inattention de sa tante censée veiller sur lui, Pascalet dérobe une barque et part à l’aventure. Il découvre une île sauvage et délivre un jeune garçon retenu prisonnier dans un campement étrange. Ensemble, ils vont apprendre à survivre dans la nature.

En adaptant un classique littéraire d’Henri Bosco (1945), Xavier Coste joue à fond la carte de l’aventure sensorielle. Les jours et nuits de Pascalet et du ténébreux Gatzo, à pêcher du poisson, tailler des flèches ou à scruter les bêtes sauvages s’enchaînent comme dans un long songe, toute notion du temps qui passe s’évaporant comme la rosée du matin au soleil de Provence. Le texte est rare, imagé, entre voix off façon journal intime et dialogues éthérés de deux copains qui se comprennent sans se parler. La part belle est donc laissée aux images, somptueuses grands cases extrêmement sensitives, dans lesquelles la technique mixte – aquarelle et informatique – du dessinateur d’Egon Schiele et À la dérive fait merveille. Crépuscule fantastique, aube magique, lignes lumineuses dans un brouillard aqueux, ses planches extrêmement maîtrisées entretiennent le doute : Pascalet a-t-il vraiment fugué ou vit-il un long et palpitant rêve ? La réponse importe peu, seule l’expérience compte. Et celle du lecteur est enivrante.