Sa trajectoire dans le neuvième art aura été météoritique. Yves Chaland (1957-1990) inventa Bob Fish, Adolphus Claar, Freddy Lombard ou le jeune Albert, usant d’une ligne claire dynamique et limpide.

A cet auteur ultra doué, qui incarna l’élégance sur papier, Avril Tembouret consacre un documentaire, L’Enigme Chaland (visible en ligne sur TV7). Avec finesse, il approche un artiste disparu brutalement, prématurément, à l’âge de 33 ans. Tente d’expliquer, sans y parvenir vraiment, sa fascination pour son trait, d’une rare vitalité. « Qui vibre encore devant ses dessins aujourd’hui à part ceux qui l’ont connu à l’époque ? », interroge-t-il avec regret.

Alors, pour mieux cerner le talent de Chaland, il approche ceux qui l’ont fréquenté, fortement marqués, aujourd’hui encore, par sa patte. « Selon lui, la ligne claire permettait de raconter une histoire pas très claire », se souvient Charles Berberian, pointant la noirceur et le côté trouble de son oeuvre, encourageant à voir au-delà de l’esthétique en contemplant ses planches. Avec malice, Floc’h montre en le détaillant un exemplaire du Jeune Albert offert par l’auteur et annoté, à la manière d’un écolier potache, par ses soins.

La caméra suit Isabelle Chaland, sa veuve, dans ce qui fut leur appartement, et l’atelier de l’artiste. Elle capte la reconnaissance de Bruno Gaccio qui, adolescent et loubard, rencontra Chaland et sa bande — grâce à leur bienveillance et leur ouverture d’esprit, le jeune homme découvrit l’art, et regagna le droit chemin. Zep et Simon Roussin racontent le « Godard de la BD » ; Benoît Poelvoorde décrit un court-métrage tourné avec Rémy Belvaux, sur les traces des personnages « chalandesques » ; le scénariste Yann Le Pennetier, son complice, évoque ses « fulgurances »… Intime et pudique, le portrait fait resurgir les contours parfois flous, mais magnétiques, d’un auteur exceptionnel.

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L’Enigme Chaland
Un documentaire d’Avril Tembouret, visible en ligne sur TV7.
2018, 86 minutes.
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