Dans une petite banlieue américaine, deux jeunes filles sont assassinées après avoir croisé un inconnu planté au milieu de la pelouse du stade du lycée, casquette visée sur la tête, teddy sur le dos, batte de baseball à la main. Ce double meurtre chamboule le quotidien de cette ville, et plus précisément celui d’une bande d’adolescents. Alors que la police enquête et que les TV locales multiplient les reportages sur le drame, les morts se multiplient. Et l’angoisse s’installe doucement.

Un groupe d’adolescents aux caractères différents, des pavillons de banlieue, un tueur mystérieux… L’Entaille » est un hommage réussi aux slashers, films d’horreur où un serial killer assassine progressivement tous les membres d’une bande de jeunes. À mi-chemin entre un Scream ou un Halloween et Twin Peaks, cette première BD d’Antoine Maillard respecte tous les codes du genre.

Elle s’offre même le luxe d’ajouter une petite dose de mystère à travers la personnalité torturée d’un des personnages principaux et une ambiance pesante. Qui est ce meurtrier habillé comme un lycéen, le visage habilement dissimulé par l’ombre de sa casquette ? Pourquoi tue-t-il ? Et qui sera le prochain à périr sous ses coups de batte ?

Quelle maîtrise de la part d’Antoine Maillard. Si ce projet de BD a été mûri pendant plusieurs années, rien ne lui assurait de le réussir pour autant. Tout est savamment dosé. Les meurtres s’enchaînent sans tomber dans le gore. L’ambiance est lourde, feutrée, lente, grâce notamment à un incroyable travail graphique, tout au crayon de bois, en nuance de gris. On croirait le livre survolé d’une petite brume permanente. Une BD de genre déjà indispensable et un auteur à suivre.