L’Entrevue
En 2048, on ne se déplace qu’en voiture téléguidée, et on change le tableau accroché au-dessus de son lit d’une pression de doigt. Les rapports amoureux ont aussi changé : une « convention de non exclusivité » emballe la jeune génération, qui ne veut plus se lier de façon affirmée.
Dans ce monde en mutation, Raniero, psychologue clinicien, se sent un brin perdu : après un accident d’auto (il est l’un des rares à encore posséder un véhicule à essence), il a vu de curieux triangles lumineux dans le ciel. Pour ne rien arranger, sa femme – qu’il aime encore – a décidé de le quitter, et des hommes masqués cambriolent leur maison. Un autre événement achève de le bouleverser : l’irruption dans sa vie de Dora, une jeune patiente. Et s’ils partageaient la conscience d’un profond changement à venir ?
Auteur du lumineux Cinq mille kilomètres par seconde, l’Italien Manuele Fior réussit avec L’Entrevue une romance science-fictionnelle riche, poignante, profonde. Sa science du découpage, toujours harmonieux, se marie à un très bel usage du noir et blanc, créant des textures gracieuses. L’artiste ose même une élégante séquence entièrement obscure, lorsque ses héros partagent une nuit. Bâti sur des personnages touchants, habilement incarnés, et un phénomène mystérieux, le récit captive de bout en bout. Jusqu’à une chute évasive, un brin nostalgique. Un thriller sentimental brillant.
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