Léo en petits morceaux
Léo, c’est Léocadie, une jeune femme pétillante de vie, qui détonne dans ce village du Pays Basque occupé par les nazis. Sa maison sert d’auberge à des officiers allemands, et elle, comme ses soeurs, doit leur servir de bonniche. Ce qui ne l’empêche pas d’irradier, de beauté, de liberté. Et de fréquenter en secret le beau Félix, un soldat allemand aussi dégoûté qu’elle par la guerre. Un amour sincère mais interdit, dont l’issue laissera le coeur de Léo en petits morceaux.
La dessinatrice du Loup en slip propose ici un émouvant album, très intime, sur un sujet délicat : les romances entre occupants allemands et Françaises durant la Seconde Guerre mondiale, et l’opprobre qui fut jeté sur ces dernières à la Libération. Mais loin de développer un livre historique ou à thèse, l’autrice s’appuie sur une histoire vraie, celle de sa grand-mère, longtemps tue. Par une narration en flash-back très maîtrisée, via des focus sur des tranches de vie signifiantes dans le parcours de la fonceuse Léo entre 1940 et 1945, mises en regard des fêlures cachées de la mamie qu’elle est devenue par la suite, Mayana Itoïz brosse un portrait bienveillant et subtil d’une jeune femme engoncée dans sa vie rurale, qui s’est laissée enivrée par l’amour et ne s’en est jamais vraiment remise. Le trait délié, les compositions de pages tout en légèreté, les couleurs délicates viennent contraster avec la douleur exprimée, et un habile jeu de feuillets calques reprenant des photos d’époque apporte une touche originale et palpable à ce récit touchant.
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