Trop belle pour être 100% propre et écolo, la cité sous-marine de Korallion, en Méditerranée, intrigue Spirou et Fantasio, d’autant que l’enquête de leur consoeur Seccotine sur le sujet semble avoir été manipulée. Les deux compères, laissant les huiles de chez Dupuis se prendre la tête sur le 100e anniversaire de la maison d’édition, partent donc au bord de la mer, pensant mettre au jour un nouveau complot de Zorglub. C’est bien autre chose qu’il vont découvrir, au péril de leur vie…

Elle était attendue cette reprise de la série principale de Spirou et Fantasio, par une nouvelle équipe. Et elle ne déçoit pas. Car Sophie Guerrive (Tulipe, Le Club des amis…) et Benjamin Abitan (notamment auteur de fictions radiophoniques) réussissent à concevoir un scénario porteur des marqueurs classiques de la série (enquête, science, humour, action sans temps mort) tout en insufflant un ton personnel et une vraie densité narrative. Et ce, dans la veine d’un Franquin fasciné par la modernité des architectures et des technologies, et qui semblait parfois avoir un coup d’avance dans sa vision d’une Europe en mouvement. Ainsi, les scénaristes, sans livrer un Spirou à thèse, incluent dans leur album des thèmes touchant à la protection de l’environnement, aux mondes virtuels, aux dérives de la société des loisirs, à l’engagement individuel et collectif… Cela se fait de manière palpitante, jusqu’à un final qui renvoie au titre, et fait frisonner tous les fans du groom… Quant au dessin, Olivier Schwartz, qui avait déjà donné corps à Spirou dans des hors-série avec Yann (Le Groom vert-de-gris, La Femme Lépoard…), propose un design ébouriffant de dynamisme et de fluidité tout en restant dans les canons de la ligne claire des descendants de Chaland. Cette Mort de Spirou marque donc la plus belle des renaissances.