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Les + de BoDoï : « I.R.S. »

20 juin 2006 |

BARILS DE POUDRE

Alors que l’ultime XIII, signé William Vance et Jean Van Hamme, semble être attendu davantage comme une formalité que comme un évènement mondial, qu’en est-il des séries qui, dans son sillage, ont investi le créneau de la BD surfant sur les affaires politico-financières ? Niklos Koda , dont Jean Dufaux vous donne par ailleurs des nouvelles sur bodoi.info, poursuit son ascension. Album après album se bâtit un personnage complexe plongé dans le monde de

l’espionnage moderne. Un monde teinté, évidemment, de fantastique- on est chez Dufaux. Espionnage encore avec Alpha de Jigounov et Mythic, univers fouillé et cohérent dont on regrettait dans BoDoï 96 que le scénario du dernier tome ne soit pas un brin plus novateur.
Qui, alors, pour succéder au héros mythique de Van Hamme et Vance? Celui qui s’en approche le plus, celui qui allie intrigues complexes et action sur fond d’entourloupes internationales, est sans doute Larry Max, l’agent à cheveux blancs du fisc américain.
Son dernier diptyque, Corporate America et La Guerre noire, signé Desberg et Vrancken, est une réussite totale. On y découvre un Larry jeune orphelin après le décès de son père producteur heureux dans le Hollywood des années quatre-vingt. À cette époque va se forger le Larry Max d’aujourd’hui. Le Larry qui poursuit de sa haine un magnat du pétrole, mêlé à des attentats suicides destinés, semble-t-il, à renverser la famille régnante saoudite. Le Larry qui retrouvera enfin dans La Guerre noire la mystérieuse Gloria, play-girl avec laquelle il entretenait, au fil des albums, une conversation érotique plutôt bizarroïde. Leur rencontre, dramatique, permettra à Larry de régler les comptes de sa jeunesse. La boucle est bouclée par un Desberg au sommet de son art épaulé par un Vrancken dont le dessin est toujours aussi classique et froidement élégant. XIII peut aller se dorer tranquille au soleil avec le major Jones…
Mais un scénariste, lorsqu’il se frotte à l’actualité, doit s’attendre à des surprises, parfois bonnes, parfois moins. Ainsi le lecteur qui assiste au crash de l’avion du père de Larry au début de Corporate America se demande évidemment si l’appareil n’a pas été saboté. Comme certains, aujourd’hui, ne peuvent s’empêcher de penser que la disparition de l’héritier de l’empire Michelin, au cours d’une partie de pêche au large des côtes bretonnes, est bien mystérieuse. Et chacun de se livrer au jeu délicieux des « Et si… ».
En revanche, l’actu peut se révéler féroce. Dans Corporate America, paru en 2005, donc sans doute écrit en 2004, Desberg montre un complot particulièrement vicelard dont le but est de faire grimper le prix du pétrole à… 70 dollars. Plus du double du prix du baril de l’époque. Et Larry Max de s’indigner : « Aucune économie occidentale ne pourrait supporter un baril à un tel prix ! »
Il semblerait que si…
I.R.S. #8 : La Guerre noire, par Bernard Vrancken et Stephen Desberg. Troisième Vague Lombard, 9,80 euros.

(Images : I.R.S. © Le Lombard)

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