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Les + du blog : VAILLANT 5/5

6 mai 2006 |

VaillantHervé Cultru, dans Vaillant, la véritable histoire d’un journal mythique, raconte l’épopée du journal célèbre qui vivra jusqu’en 1969 (il se métamorphosera alors en Pif Gadget) et affichera des signatures aussi prestigieuses que Poïvet, Chéret, Tabary, Godard, Lécureux, Gotlib, Mandryka, Forest, etc.
Mais un journal, c’est d’abord des hommes, un univers, une atmosphère, une odeur, une légende qui se crée jour après jour. Nous vous invitons, tout au long de 5 épisodes à suivre, à pénétrer dans cet immeuble du 5 rue Montmartre, à Paris, qui abrita Vaillant. Et à découvrir cette alchimie bizarre qui aboutit à un journal sentant bon l’encre fraîche.

Évidemment, rien ne se passe comme prévu !

Voilà, c’est tout. Cela semble bien peu, mais le cycle donne l’impression de ne jamais s’achever, car, quand un numéro est bouclé, il faut tout de suite passer au suivant, et les choses ne se déroulent jamais en vertu du mignon train-train que nous venons d’exposer. Dans la réalité, les épreuves arrivent dans n’importe quel ordre, il faut avoir une grande patience, et un minimum de méthode, pour suivre le mouvement. Ce qui relève de l’exploit, c’est qu’en présence du produit fini personne ne se doute des efforts qu’il a fallu accomplir… Personne ne devine à quel point, parfois, tout est difficile. Curieusement, le journal lui-même demeure muet sur les conditions dans lesquelles il est élaboré. Seule une poignée d’anecdotes, au hasard d’un éditorial, apporte quelques renseignements. Sinon, il faut se contenter des chroniques d’Alfred, Auguste et Popaul.
Ces trois rigolos, issus du cerveau enfiévré de Gérard Dorville, font leur apparition dans le n° 658 (un « Spécial Noël ») en décembre 1957. Ils font irrésistiblement songer au Gaston Lagaffe d’André Franquin, qui sévit dans Spirou depuis février de la même année, car ils semblent engagés, eux aussi, comme « héros sans emploi », et ils s’empressent de devenir hommes à tout faire (on les voit souvent armés d’un balai ou d’un tournevis). Leur fonction essentielle, du moins dans les débuts, paraît de jouer les hôtes(ses) d’accueil, d’être une interface entre les gens qui font le journal et ceux qui le lisent, un porte-parole pour rire en quelque sorte. Ils se voient confier le tiers inférieur de la page 2, au pied d’Au rendez-vous de l’aventure et des Blagues dans le coin, et, entre deux catastrophes engendrées par leur maladresse, ils truffent leurs dialogues d’allusions au sommaire. Lors de leur première intervention, ils ramassent un brouillon dans une poubelle et révèlent son contenu :
« Nous voici en plein milieu du mois de décembre et avant de faire le saut dans 1958, j’aurais voulu vous parler un peu des projets de la rédaction […]. Il paraît que notre collaborateur scientifique Michel de Roisin aurait posé sa candidature pour aller faire un tour dans la Lune. Il paraît que le rédacteur en chef n’est pas content du scénariste qui écrit l’histoire de Wango. Moi, ce n’est pas mon avis. Il paraît aussi que Monsieur Gilles Maugis irait faire un grand reportage dans l’Amazonie. »

Vaillant

Ce ton, un peu décalé, est rapidement abandonné, sans doute parce qu’il ne trouve pas d’écho favorable. Et les aventures des trois bonshommes se contentent par la suite de rester dans des limites classiques. Pourtant, on reconnaît quelques silhouettes ici ou là. Il est clair que le grand échalas, Alfred, est une autocaricature de Dorville lui-même, et que le figurant à pull rouge et à lunettes possède des traits qui rappellent ceux de Jean Ollivier. Mais il manque l’étincelle de délire qui aurait pu valoir à l’idée originale de prendre forme. Contrairement au célébrissime Gaston qui bâtit tout un univers avec une mouette rieuse, un chat, un cactus géant, des expériences de chimie, et une quantité d’inventions démentielles, notre trio semble faire du surplace.
Au n° 726 (avril 1959), ils s’en va et laisse place à trois confrères du même tonneau, Basile, Hortense et Amédée. Exemple, peut-être unique dans l’histoire de la BD, d’un thème repris et démarqué, sous un titre différent et par un autre dessinateur (Chica), au su et au vu de tous.
On permet toutefois aux premiers titulaires des rôles de revenir faire un essai, carrément en couverture, entre les nos 790 (juillet 1960) et 820 (janvier 1961), mais l’amertume domine. C’est sur le double d’Ollivier (jamais nommé), volontiers présenté comme autoritaire et acariâtre (c’est sans doute une anti-image, comme il existe des antiphrases !) que repose la mécanique de la plupart des gags. Toute distanciation mise à part, une histoire est à deux doigts d’être désobligeante, et on ne peut que saluer la largesse d’esprit de l’intéressé, qui n’a pas essayé de faire pression pour qu’on la mette au rebut : on y voit Jean faire les cent pas et dicter un roman à une secrétaire, en reprenant mot à mot un livre caché dans un cabinet mitoyen… (n° 798, août 1960).

FIN

Mais vous pouvez continuer à découvrir l’aventure de Vaillant dans Vaillant, 1942-1969 : La véritable histoire d’un journal mythique par Hervé Cultru, Vaillant collection, 30 euros.
© Hervé Cultru, Vaillant collection

Autres dossiers : 1/5, 2/5, 3/5, 4/5

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