Les Filles de Montparnasse #4
Tout au long de sa saga en 4 volumes, Nadja a caressé des espoirs à fleur de peau, suspendu le lecteur à des rêves fous, sondé les territoires intimes de petites « biches » en quête de liberté artistique et sentimentale. Quatre destins de femmes aux regards fragiles – naïf, cynique, désenchanté –, quatre voies pour tenter de se délivrer. Des hommes, des sentiments, de l’inertie du temps, des conservatismes d’une époque. À travers l’écriture, l’art, l’amour ou le militantisme, Amélie, Garance, Elise et Rose-Aymée se sont donc exprimé sans toujours savoir où aller. À tâtons, dans la lutte, la confrontation ou la fusion. Au bout du chemin, l’émancipation parfois, le retour à soi souvent, malgré les fantômes du passé…
Pour clore sa superbe série, Nadja a soigné son épilogue. Au diapason de la tension psychologique, l’auteure a donné un tour inquiétant à sa fresque à suspense, faisant résonner les voix pleines de grâce de ses héroïnes rebelles dans un thriller romantique où bouillonnent les ambiances et les sentiments romanesques. Avec ce ton résolument moderne rythmant une esthétique picturale de toute beauté, Nadja affine les vies de chacune, donne corps à leurs désirs et excès pour in fine offrir l’image d’une mue pleine d’éclat, éclairée par une lumineuse mélancolie. Le visuel brut transmet ainsi le doux sentiment de baigner dans un impressionnisme suave et vivant, comme pour épouser la féminité écorchée de ces êtres transfigurés, débarrassés de leurs chaînes. Magnifique tableau intimiste mais aussi puissante réflexion sur le pouvoir et la réalisation de soi, Les Filles de Montparnasse démontre une maturité créative étonnante. Brillant !
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