Les Guerres silencieuses
Jaime Martin, auteur espagnol de BD (Toute la poussière du chemin), ne retrouve plus l’inspiration. Que raconter ? Une idée le saisit : s’emparer du passé maintes fois ressassé par son père, et relater le long service militaire effectué par celui-ci au Maroc à la fin des années 50, pendant la guerre d’Ifni.
Il détaille longuement — mais de façon jamais ennuyeuse — la vie au camp, le manque de nourriture, les tâches répétitives et humiliantes, l’absurdité d’une guerre discrète, jamais comprise des soldats. Aussi, il s’attarde sur la rencontre de ses parents, très jeunes, dans l’Espagne pauvre de Franco.
L’auteur n’hésite pas non plus à exposer ses moments de doute, la sensation que son intrigue piétine, la difficulté de trouver un scénario qui tient la route. Il tire un fil sensible, qui évite le narcissisme outré, et intéresse le lecteur à sa position de narrateur. Ce récit familial à tiroirs, il l’expose avec un trait simple, sans falbalas, agrémenté de couleurs lumineuses — et de quelques photos. A sa manière, légère et douce, il effectue un joli travail de mémoire.
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